jeudi 18 juillet 2013

DES MICRO SERIES ET DES SUMMER SHOTS

Une semaine après la fin des Micro Series et des Summer Shots, c’est l’heure du bilan dans cette guerre de leaders, pour ouvrir le bal d’un été toujours compliqué pour les opérateurs de jeu. Ces deux séries d’events en parallèle donnent un excellent reflet de leur course au leadership du marché français. A droite, Winamax, et ses 54 events Summer Shots (SS) sur huit jours lancés d’urgence. A gauche, Pokerstars, et ses cinquante events Micro Series (MS) pour leur troisième édition. Au centre, 276.381 arbitres, dont une bonne partie font doublon en jouant sur les deux sites en même temps.

Winamax a cumulé 167.219 entrants, générés par plus de 150.000 joueurs (en raison de trois events Re-entry). Avec seulement quatre tournois de moins, Pokerstars n’a sensibilisé « que » 109.162 joueurs, soit un field global environ 30% moins important que son concurrent. Pourtant son échelle de Buyin, de 0.25€ à 30€ (pour son Highroller), semblait plus propice à attirer les joueurs récréatifs tant espérés. Avec un BI moyen de 6€, et un package total d’une valeur de 282,25€, Pokerstars a bien moins attiré les foules que Winamax, dont la moyenne de tournoi avoisinait les 10€ pour un total BI de 541€, soit près du double. Premier constat de cette confrontation, les Events très Low BI sont les plus segmentants : les regs de 5€ les fuient car insuffisamment dotées, les récréatifs ne sont que très partiellement intéressés par des garanties très peu attractives. Ils permettent de transformer ponctuellement des joueurs de freeroll en argent réel sans assurance de les voir persister dans cette voie, et font le bonheur de quelques regs de Micro Limites. 25% des Micro Series se sont joués pour 2€ et moins, pourtant ils ne représentent que 20% du field total. A l'inverse, Winamax est bien le royaume du récréatif : avec seulement 16% des tournois en micro Buyin, ce sont 19% des participants qui les ont plébiscité, notamment grâce à un event Re-entry sur toute la semaine et sa dotation de 30.000€, exceptionnelle pour un 2€.

Autre enseignement de cette confrontation, la victoire de la simplicité sur l’originalité. Les équipes de Canel Frichet, pressées par le temps, se sont cantonnées à des épreuves au format classique. En moyenne, les Summer Shots ont attiré une moyenne de 3096 joueurs, contre 2183 sur les Micro Series, lors de tournois dont près de la moitié se sont déroulées en Shorthanded (10% en 4max). La différence majeure dans les structures choisies se trouve en fait dans la place des tournois à Rebuy. Pokerstars en a planifié pas moins de quinze dans sa grille, et même 40% en comptant les x2 Chance et x3 Chance. La raison est simple, cette formule présente l’avantage de doper les prizepools garantis que des Low Buyin limitent forcément. Le volume de rebuy montre clairement une linéarité logique avec le droit d’entrée, tendance qui s’inverse pour la prise de l’add-on. Ainsi le MS#2 Rebuy Madness à 0,50€ a fait l’objet de 17000 rebuys pour un field de 3232 joueurs. Cette moyenne de 5,28 recharges par joueur tombe à moins de 1,5 pour les events à 5€. Certains se sont néanmoins retrouvés plombés par un horaire tardif (#20 ‘Ante Up Turbo’ à 2€) pour à peine 1,3 rebuys par joueur à ce buyin. L’add-on, en revanche, avoisine les 60% sur les tournois à 4€ et plus, tandis qu’en dessous de cette limite, il se situe entre 20 et 50% : les regs étaient proportionnellement plus présents sur des tournois à prizepool plus élevés, et savent qu'il faut le prendre. Les Double ou Triple Chance sont, eux, clairement sans intérêt pour doper la garantie, avec pour la plupart un taux de rachat de seulement 50%, voire moins.


Peu de rebuy à l’inverse sur les Summer Shots, où seulement 7% se jouaient dans ce format, mais ici aussi dans le seul but d’offrir une garantie décente et propice à rassembler un maximum de joueurs sur les tournois à faible Buyin (5€ et moins). Les Multiples Chance de Pokerstars laissent la place aux tournois Re-Entry, une des raisons du succès de ces Series. Près de 20% du field total est ainsi concentré sur trois Events, deux s'étant joués sur six Day1, et un sur trois Day 1. Avec respectivement 13252 (#9 à 5€) et 14778 (#10 à 2€) entrées, ce sont les stars incontestées de la semaine.  Revers de la médaille, ces trois tournois ont coûté cher à Winamax, puisqu’ils ont tous connu un overlay brut. En net, l’event #10 est quasiment break even (11% d’overlay, 444€ de pertes), et il n’a manqué que 81 joueurs à l’event #9 pour couvrir sa garantie (6260€ de gains avec le rake). C’est du côté de l’event #28 qu’est venue la cagoule : plus de 33% d’overlay et une perte de 13K€, rake compris, pour l’opérateur !
Le nerf de la guerre de ces deux opérations commerciales, comme d’habitude, reste leur bilan comptable. Les traits de caractères des deux rooms ressemblent fortement à leur histoire : une room opérant depuis longtemps, leader mondial qui s’appuie sur une longue expérience pour monter des Series le plus rentable possible, pour qui un sou est un sou, face à un impétueux challenger, qui cherche sans cesse à prouver sa force par rapport à son aîné, avec la fougue et la spontanéité que cela sous-entend, prêt à tous les excès, même financiers.

En dépassant la garantie totale de ces Series de 19% (832.637€), Pokerstars fait mieux que Winamax et ses 7% (1.425.556€). La room au pique rouge a géré en bon père de famille, avec seulement 14% de ses tournois ne couvrant pas la garantie brute contre plus de 22% pour la room au W rouge. Au final, PS accuse deux events déficitaires en net, tandis que Winamax en dénombre sept, dont deux d’anthologie : #3 Main Event 50€ (-15.550€ net) et le #28 Re-Entry dont il était question plus haut. Dans les tournois les plus rentables, c’est encore Pokerstars qui tient la corde, avec trois tournois lui rapportant plus de 8.000€ net (#1 Classico pour 10.5K€ de profit, #18 Highroller pour 8.2K€ et #48 Main Event pour 10.2K€). Winamax doit se contenter pour sa meilleure performance de 6806€ de gains net (Event #52) . Néanmoins, cette dernière se rattrape par la moyenne de Buyin plus élevée, et l’homogénéité de ses résultats : sur ses 12 tournois les plus rentables, 11 sont des 10€+ dont le gain varie du simple au double (de 6.800€ à 3.400€). En face, si la meilleure performance est à plus de 10K€, la dixième est cinq fois inférieure.


Cela nous amène tout naturellement au dernier critère de comparaison, le plus important. En organisant ses Micro Series, Pokerstars a engendré 85.118,92€ de revenus, soit 12% de plus que son homologue qui parvient à générer 76.047,10€ sur la semaine. Une performance, pour ce dernier, à relativiser par deux events qui lui coûtent la bagatelle de près de 30.000€.
Le vrai gagnant de ces Series, lui, est ailleurs. La concurrence acharnée des deux leaders du marché, est principalement bénéfique … aux joueurs. Preuve encore une fois de la nécessité d'un marché multi room.

soxav

lundi 8 juillet 2013

POKER ET VIDEOS

Les WSOP battent leur plein à Las Vegas alors que de ce côté-ci de l’Atlantique, la morosité d’un marché atone est de rigueur. Beaucoup s’interrogent sur la survie des rooms, la capacité du marché à recruter de nouveaux clients, tandis qu’un nouveau trimestre de baisse est annoncé par le Figaro (-14% en Cash Game, flat en MTT). Les joueurs se consolent avec les images en provenance des Team Pro, Winamax en tête avec un trilogie de reportages sur son WiPT, l’EPT Deauville et, justement, une nuit à Vegas.

Diffusés sur RTL9, ces trois reportages de 52 minutes, de bonne facture, ont laissé sceptique le microcosme poker. Les deux premières éditions  s’apparentent plus à des infomercials qu’à de véritables documentaires poker. On voit dans le premier les pros Winamax venir chacun leur tour glisser leur petite phrase sur le plaisir qu’ils ont à venir jouer un 500€ contre des joueurs qu’ils évitent tout le reste de l’année, y compris sur le forum de leur sponsor. Ils sont appuyés par des Winamax Important Personne pas forcément tous connus du grand public, faisant ainsi étalage du carnet d’adresses de Patrick Bruel. Le deuxième épisode, lors de l’EPT Deauville, a été confronté à un imprévu : selon Benjo, couvreur attitré, il devait s’agir d’une nouvelle édition de « Dans la Tête d’un Pro » mais l’organisation leur a interdit de rester à la même table pour filmer. L’argument de la triche n’est pas dénué de sens, mais, sans vouloir faire preuve de mauvais esprit, on notera que le sponsor de cet événement n’est autre que le concurrent direct, Pokerstars … Le dernier  documentaire est un mélange des deux premiers opus à la sauce Vegas et anecdotes de pros, WIP, et salariés Winamax.

Au-delà de l’intérêt, fondamentalement très subjectif, de ces reportages, ils parlent poker en en véhiculant une image positive, people, fun et sympa très éloignée de la vision de Monsieur tout le monde. En cela, c’est une vraie réussite. Ils s’inscrivent dans la stratégie de l’opérateur, en ciblant les joueurs récréatifs, les novices, les prospects et les incitent à partager l’aventure, le plaisir, le challenge du poker. Seul hic de cette programmation ? L’horaire de diffusion adapté aux regs jouant jusque tard dans la nuit, un moment ou le joueur récréatif, lui, se repose dans les bras de Morphée. Vive la télé de rattrapage !

Cette initiative a donné des idées à la room qui monte, PMU Poker. L’opérateur vient de transposer ce reportage à des joueurs amateurs, inconnus, qui ont réussi à se qualifier lors des nombreuses promotions online pour participer à des Events des WSOP. Exit le reportage photo en fin des WSOP sur un blog confidentiel, lu uniquement par les proches des joueurs concernés à un moment où les éventuels lecteurs sont en vacances. Exit la Team pro qui vend du rêve en racontant sa 28e participation au WSOP sur un ton blasé. Voici les vrais joueurs de la room en vedette. En cela PMU Poker innove, se démarque de la concurrence. Il est là, le rêve ultime à vendre à tous les joueurs de poker : s’identifier au joueur lambda qui décroche un ticket pour Las Vegas à partir d’un tournoi à 1e. Après Moneymaker, voici Dreammaker by PMU en court-métrages de 4 minutes.

Pourtant, l’exercice peut être à double tranchant. Les commentaires fleurissent sur le côté beauf, navrant de certains commentaires, les plus pondérés mettant en avant le côté … décalé. Mais au final, les retours sont positifs, à l’image du résultat technique de ce film. N’oublions pas que le marché du poker n’appartient pas à une caste qui s’érige en défenseurs d’un idéal pokeristique. Il n’existe que tant que les joueurs pros côtoient les amateurs, que les regs accueillent les récréatifs plutôt que de les insulter. Le poker français ne survivra qu’à cette condition.

C’est enfin au tour de Barrière Poker de se lancer dans l’aventure. L’opérateur va enfin développer sa visibilité autour de son partenariat exclusif WSOP et annonce ce matin sur Made in Poker un programme court « En route pour les WSOP » sur Eurosport (et dans 59 autres pays pour la version anglaise). Cerise sur le gâteau, le sponsoring d’Estelle Denis va lui aussi enfin être optimisé puisqu'elle sera aux commandes via une interview de quelques minutes, agrémentée d’une analyse de mains. Rendez-vous à la rentrée, pour ce qui semble être le premier signe positif de voir la room passer les vacances, après de longues semaines de rumeurs quant à son avenir.

soxav