lundi 25 avril 2016

WINAMAX SERIES 2016 : Début d'année prometteur.

185.901€. C’est la somme qu’un joueur serbe a empoché pour sa victoire dans le Million Event des Winamax Series XV en avril.
186.655€. C’est la somme qu’un amateur Stéphanois, holdembrain2, s’est adjugé lors du même Event en Janvier.
Des sommes qui font rêver tout le monde … ou presque. Chez Winamax on se frotte les mains : le poker va mal ? Manifestement pas chez eux : le revenu de la room affiche des croissances à deux chiffres sur ces deux premières séries de l’année.  Un travail d’orfèvre qui permet d’envisager de nouveaux horizons pour les prochaines Series dès Septembre ?

Event #03 : Accident industriel en 2015, Winamax avait dû débourser plus de 12.000€ sur l’édition d’avril qui perdait en l’espace de trois mois 1.000 joueurs (soit un quart du field de janvier). Avec un nouveau recul en 2016 (-31% en janvier et -13% en avril), le passage en format Mix Max ressemble à un échec, les garanties revues à la baisse de 50K sur chaque édition ont en revanche permis de renouer avec le bénéfice.  Du coup, ce seul tournoi représente 12% de la hausse du revenu constaté en Avril.

Event #05 : Exit le format 4-handed et surtout mise en place du KO progressif : cocktail détonnant qui voit les fields d’abord exploser de 84% à garantie identique (80K€ le 10 Janvier), puis tout récemment de 130%. En janvier, le prizepool généré avait atteint 144K€, la room a donc adapté le suivant en le boostant sans grand risque à 125K€ en avril. Jackpot ! la garantie sera dépassée de 37%, les joueurs ITM se partageant 171.180€. 

Event Surprise – Cette année, ces Events ont connu des fortunes diverses. Les tournois de janvier n’ont pas connu de variation, ni de garantie (100K€ et 70K€) ni de nombre de joueurs avec des variations de 179 joueurs (1%) en première semaine et de … trois joueurs pour le suivant. L’introduction du Re-entry a définitivement changé la donne puisque sur les deux dernières éditions, entre 25% et 30% ont utilisé cette option. Si la garantie aurait clairement pu être plus ambitieuse en janvier (identiques à 2015, dépassée de 35% et 51%), augmenter la garantie de 25% et 30% en avril a porté ses fruits. En avril, les deux Events Surprise ont généré 15,5% du revenu additionnel de la Série par rapport à la même période en 2015.

Highroller – C’est le fiasco des Winamax Series XIV. Avec 350 participants seulement, soit 15% de fréquentation en moins, le tournoi à 1.000€ affiche un overlay de 17.500€, coûtant finalement à Winamax 6K€ net. Programmé en 2015 sur deux jours, son passage sur une unique journée avec des premiers niveaux perdant cinq minutes semble avoir fortement déplu aux aficionados. Cette tendance s’est confirmée en Avril avec 356 joueurs sur la ligne de départ. Winamax avaitprévu le coup, faisant fondre la garantie de 350.000€ à 300.000€. Peu ambitieux encore une fois puisque l’introduction de format Re-entry n’est que du bonus : près de 30% des joueurs l’ont utilisé, mais la couverture de la garantie était assurée par la seule participation des joueurs. Au final, le tournoi explose la garantie de 45%.

Event 10 -  Déception en janvier, carton plein en avril. Les Series se suivent mais ne se ressemblent pas pour ce classique à 10€ d’entrée. En amputant la garantie de 12,5% (175.000€ contre 200.00€ un an auparavant), le field a décliné de 5%. Trois mois plus tard et une garantie revenue à 200K€, le flight Low Buyin génère 35% de chiffre d’affaires supplémentaires, 27% des participants réalisant en moyenne un re-entry. Il rapporte plus de 18K€ net au compte d’exploitation de la room. Petit buyin, maxi profit.

Million Event – La croissance est là aussi au rendez-vous pour le tournoi phare de chaque Winamax Series. Les deux éditions de ce début d’année ont sensiblement réalisé la même fréquentation en volume avec 8030 entrées en janvier et 8019 en avril. La performance est notable puisque les tournois affichent des progressions de 7.5% et 15% sur les mêmes Events en 2015. Mieux encore, l’édition d’avril 2015 avait connu un overlay de 3% qui avait fait fondre le revenu net de l’opérateur. En renouant avec le succès, c’est plus de 60K€ qui tombent dans les caisses. Si l’on détaille, le ME de janvier a particulièrement performé sur le Day 1A (+15%) tandis qu’en avril, la hausse n’est due qu’au rajout d’un Day 1D, représentant à lui tout seul 15% du field total. Il a notamment permis d’effacer la piètre soirée du Day 1C victime d'un certain Manchester City/PSG.
Seul bémol pour la room, les 400 tickets financés via le bonus de dépôt et les Freerolls Séries représentent le bénéfice généré sur ce seul tournoi.

Les nouveautés sont le moteur de Series en perte de vitesse à l'image du poker .fr, et les résultats des WX XIV et XV permettent d’espérer un regain d’ambition des responsables de la room. Avec des prizepools au-delà des sept millions d’euros, la prochaine édition peut sans risque établir un nouveau record. La multiplication du Re-entry, l’ajout de KO progressif dont les joueurs récréatifs sont particulièrement friands sont autant de solutions pour doper les taux de participation. L’offre mériterait de passer au nombre fatidique de 100 Events (rajout de jours supplémentaires, Events en après-midi le dimanche).
Enfin si la question de l’intérêt d’offrir autant de tickets doit être un sujet d’actualité au vu des derniers résultats, Winamax pourrait doper son offre de tournois qualificatifs comme le fait par exemple Pokerstars avec son offre « Marathon / Sprint final / Ligne d’arrivée » le jour J pour plus de 150 tickets offerts. La room pourrait aussi envisager un Million Event au format KO qui permettrait de limiter les centaines de milliers d'euros disparaissant dans les poches d'un poignée de joueurs, peu importe qu'ils soient français ou étrangers.

Winamax Series XVI : 7.000.000€ Garantis ? Réponse en septembre.

soxav

lundi 18 avril 2016

STRATEGIE OPERATEURS : Un air de déjà-vu.

C'est l'histoire d'un Procureur Général dont les lois de l'état jugent la présence de sociétés de jeu illégales. C'est l'histoire d'opérateurs refusant de se retirer sous prétexte qu'elles proposent un jeu d'adresse et non de hasard : cela vous rappelle quelque chose ?
C'est l'histoire de l'un de ces opérateurs, leader du marché, qui modifie son système de fidélité pour introduire des missions à réaliser et des statuts basés sur des Frequent Player Points (FPP).  Plus aucun doute désormais, vous avez reconnu … DraftKings, leader des Daily Fantasy Sports !  Les produits ‘Gaming’ font tout pour se différencier, mais la réalité les ramène aux mêmes trajectoires et problématiques. Poker et Fantasy League, si loin, si proches ?

A l’occasion du colloque de l’Arjel fin octobre 2015, Xavier Hürstel, PDG du PMU qualifiait les Fantasy League de "zone grise" au même titre que l’esport. Selon lui, il allait falloir "encadrer ou interdire". Au même moment, le Procureur Général de New-York, Eric Schneiderman, exigeait l’arrêt de prise de paris par DraftKings et Fanduel, les deux leaders américains de Daily Fantasy Sports. C’est désormais chose faite dans la ville. Les deux entreprises ont finalement suivi l'injonction ces dernières semaines, espérant rapidement des jours meilleurs avec la légalisation de ces DFS (Daily Fantasy Sports). Leurs dirigeants ont beau clamer qu’il s’agit de jeux d’adresse, le débat fait rage aux Etats-Unis, où ces dernières semaines l’Alabama, le Tennessee et le Mississipi ont indiqué leur illégalité, tandis que l’Illinois prenait du retard dans la mise en place de la loi sur le sujet. Dans de nombreux états, les discussions législatives se heurtent également aux intérêts économiques des tribus, très actives dans les jeux d’argent : Californie, Oklahoma, Arizona ou Floride par exemple.
L’analogie avec le poker est évidemment flagrante, et elle a pris une tournure encore plus précise début avril. Matt Kalish, Directeur Général de DraftKings, vient d’annoncer une refonte totale du programme de fidélité. Arguant que moins de 10% de clients utilisait le précédent système de Frequent Player Points (FPP), l’opérateur a décidé de se tourner vers un système basé sur des Missions rapportant des FPP, des Freerolls attribuant 150.000$ par mois et divers bonus et tickets ajoutés lors des ‘contests’. Les joueurs vont désormais prétendre à quatre statuts différents (ouvrant accès à des freerolls jusqu’à 100.000$ pour le plus haut) : Bronze, Silver, Gold et Platinum. L’objectif affiché par M. Kalish est de transférer les récompenses de quelques joueurs à gros volume vers une cible plus large et d’attirer de nouveaux joueurs, plus récréatifs :

"Notre but est d'avoir 80% à 90% de nos joueurs prenant part à notre programme de récompenses." - Matt Kalish, DG DraftKings

Tout comme pour Pokerstars quelques semaines auparavant, les réactions sur les forums sont négatives, les raisons invoqes par l'opérateur ne convaincant pas les joueurs réguliers. Il faut dire que l'objectif de toucher le plus grand nombre s'accompagne d'un changement essentiel : désormais chaque dollar investi en droits d’entrée ne rapporte plus désormais qu’un FPP contre trois auparavant. Une paille pour les regs

Les commentaires sur les forums ne se sont pas faits attendre, à l’image des réactions ces derniers mois des joueurs de Pokerstars face aux changements mis en place par la room. Les opérateurs de Daily Fantasy League emboîtent donc le pas à un poker qu’ils dénigrent pourtant aussi souvent qu’ils le peuvent. En février, le Directeur Général de FanDuel (deuxième opérateur américain) expliquait que le poker n’était pas un jeu d’adresse à l’inverse de DFS plus "divertissement que jeu". Les mêmes arguments employés des années auparavant par les rooms de poker en comparaison des autres jeux et paris. Savoureux, non ?
Il ne manque qu'un exemple de triche pour que le parallèle entre DFS et poker soit parfait : fin 2015, un employé de Draftkings aurait utilisé des données internes sur les paris d’autres clients pour les utiliser sur le concurrent FanDuel. Un avantage qui au poker serait similaire à voir les cartes de son adversaire, selon Fortune.com. Les deux entreprises se retrouvent même ciblées par une class action, comme Amaya et son PDG David Baazov depuis quelques semaines, même si les causes de la triche sont différentes.

Plusieurs états américains ont légiféré suite à cette affaire avec un résultat qui ne s'est pas fait attendre : alors que FanDuel et Draftkings affichaient des progressions record il y a encore un an, il leur a fallu trouver des économies en urgence pour compenser les fermetures régionales. Le leader a notamment emboîté le pas à Pokerstars sur l'affiliation. Mi-février, l'opérateur envoyait un avenant à ses partenaires pour leur indiquer de nouvelles règles bien moins avantageuses en place ... dix jours plus tard. Parmi elles, on note la limitation des commissions à deux ans pour chaque nouveau client. Copie conforme de la mesure phare de Pokerstars en matière d'affiliation fin juin 2015 en France, et un an plus tôt à l'international.
La réorientation massive que subit le poker actuellement n’est donc pas seulement une lubie des acteurs du marché, mais bien un phénomène propre à l’ensemble des jeux en ligne. Le poker n’est plus qu'un simple produit d'un marché des jeux en ligne qui doit préserver un écosystème équilibré et se diversifier. Le poker ne doit plus être appréhendé comme un environnement unique.

soxav