dimanche 10 septembre 2017

DISRUPTIVE OR NOT DISRUPTIVE : Telle est la question ?

Selon le Pr. Clayton Christensen de la Harvard Business School, une technologie « disruptive » est une nouvelle technologie qui modifie de manière inattendue un système établi .Un des meilleurs exemples en est Apple qui en lançant son premier iPhone,a fait basculer le monde de la téléphonie. Dans un marché en mutation, la « disruption » ne serait-elle pas l’« anti-disruption » ? Vous avez quatre heures …
Il y a dix ans, le poker était un marché mondial en pleine expansion, où le nerf de la guerre était de faire tourner la liquidité pour générer du rake. Cela passait donc par un accord non officiel entre les opérateurs et les plus gros joueurs par des systèmes de fidélité incitant au volume : le rakeback. Mais depuis plusieurs années, le marché s’est transformé en un simple produit d’un marché plus large, celui des jeux en ligne.
Les cloisonnements ont fleuri au cours des années, les états ont légiféré pour prendre leur part du gâteau, les opérateurs historiques du poker sont pour la plupart passés du statut de « pure player » à opérateurs de jeux en ligne, quand ils n’ont pas tout simplement disparu. Au niveau mondial, Pokerstars se décline aujourd’hui en paris sportifs (Betstars), casinos et Fantasy League (StarsDraft). Dans l’hexagone, Winamax s’est lancé dans les paris sportifs à l’occasion de la Coupe du Monde 2014, puis dans le Fantasy League avec le Jeu de l’Entraineur pour l’Euro 2016. Le marché a également connu de nombreux rachats et fusion. Pokerstars a racheté Full Tilt avant d’être absorbé par Amaya, GVC Holdings s’est emparé de Bwin Party, …
Même à l’intérieur du produit poker, l’arrivée de nouveaux formats (Jackpot SnG, Beat The Clock) a remplacé le produit SnG et en bonne partie tari Cash Game, les deux formats où le skill et l’expérience profitaient aux regs. Alors pourquoi donner de l’argent à des regs quand vous pouvez faire tourner la liquidité sur des formats poker à plus grande variance, mais surtout en paris, en Fantasy League, en paris hippiques, voire en casinos et bingo dans certains marchés ?
Dans cette course à « la préservation de l’écosystème » comme le rabâche pudiquement Pokerstars, un opérateur a décidé depuis quelques mois de changer de stratégie et d’aller à l’encontre de tous les autres acteurs en faisant … comme tous les autres acteurs faisaient auparavant. Quand Pokerstars a supprimé son programme de fidélité, Partypoker s’est engouffré dans la brèche en proposant « Cashback », un système de rakeback jusqu’à 40% de retour aux joueurs les plus importants. 
La semaine dernière, c’est dans le sponsoring que Partypoker s’est illustré, domaine largement orienté ces dernières années vers des figures grand public, plus ou moins proches du poker. A la recherche du clic de réseaux sociaux, Pokerstars utilisait l’image de Neymar et Christiano Ronaldo, leur inventant pour l’occasion un intérêt pour le jeu, remplacés aujourd’hui par Usain Bolt et l’acteur Kevin Hart. En signant Fedor Holz, Party a frappé un nouveau coup à rebours du marché. Si cette arrivée permet aux regs de croire à un utopique mérite en la matière, on imagine mal l’intérêt réel, une fois passé l’effet d’annonce.

Partypoker fait un choix certes étrange économiquement au premier abord. Mais la room est aujourd’hui le dernier pure player poker, et son nouveau propriétaire affiche de véritables ambitions. Notamment celle de fragiliser Pokerstars, un concurrent qui prend de plus en plus d’importance hors poker, en l’attaquant sur son cœur de cible, se traduisant également en début d’année par un retour sur la scène live, avec son Partypoker Live Tour et ses Million Event.
La concurrence est le dernier atout des joueurs, la stratégie actuelle de Partypoker leur profite avant tout. A charge pour eux de l’entretenir pour ne pas renouveler le traumatisme Amaya / Pokerstars de ces dernières années.

soxav

1- The Innovator’s Dilemma (Management of Innovation and Change), 1997

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