mercredi 2 mai 2012

DUEL AU SOMMET WINAMAX SERIES / SCOOP POKERSTARS



Choc des titans en ce début avril avec la rencontre à distance des deux poids lourds du marché du poker en France opposant les Series III de Winamax et les SCOOP 2012 de Pokerstars (Spring Championship of Online Poker). Sur le ring, à ma droite (ne voyez là aucune allusion à la dernière interview de Patrick Bruel), 2 millions d’euros garantis pour 27 tournois et 3.300€ de droits d’entrée sur une semaine. A ma gauche, son challenger et ancien champion en titre, accusant à la pesée 3.5 millions d’euros garantis pour 34 tournois sur deux semaines et 3.645€ de droits d’entrée. Ces deux semaines de combat ont-elles vu la victoire aux points ou par KO d’un des protagonistes ?
Sans surprise, après la semaine des Winamax Series, le camp W affiche un grand sourire arguant de « dotations énormes » et d’une « affluence maximale ». « Même pas mal », doit-on se dire une semaine plus tard dans le camp Pokerstars à l’issue de tournois probablement qualifiés de « prizepools gigantesques » et autres « fréquentations stratosphériques » . Oublions les échanges d’épithètes aussi évidents que prévisibles et subjectifs pour étudier en détail les véritables chiffres de cette confrontation.
La fréquentation démontre un vrai engouement pour les deux évènements. Avec près de 95.000 joueurs sur l’ensemble de ses tournois, Pokerstars devance de loin Winamax qui n’en affiche « que » 62.000. Rapporté au nombre de tournois des deux rooms, les tournois de PS ont attiré en moyenne 21% de joueurs en plus (2780 vs 2290) pour des prizepools garantis 75% supérieurs au départ. Winamax a donc mieux rentabilisé le risk reward mais s’est fait largement distancer en volume par Pokerstars.
 Du côté de Winamax, on pourra émettre des regrets sur cette garantie, dépassé de 25% au total malgré trois events (#19,20 et 24) dont le prizepool n’est pas totalement couvert par les droits d’entrées des joueurs. A l’inverse, Pokerstars ne connaît pas le phénomène, toutes les garanties ayant été atteintes, ce seront finalement 4.7 millions d’euros qui auront été partagés entre les joueurs. Si certains sont inquiets de la santé financière des deux opérateurs à l’issue des évènements, qu’ils se rassurent. Winamax a engrangé 220.000€ de rake brut, Pokerstars 355.000€. Même après la ponction de l’état d’environ un tiers, ces séries de tournois offrent un ROI plus qu’intéressant avec une moyenne de 8.150€ de commissions par event Winamax Series, et de 10.440€ par tournoi SCOOP.
 Si le Hold’em a bien entendu connu les faveurs de ces tournois, les opérateurs n’ont pas négligé la variante Pot Limit Omaha avec sept events dans ce format. Avec des prizepools garantis à peine dépassés, voire non atteint sur l’event  1, Winamax a paré au plus précis, Pokerstars explosant ses garantis de 35% en moyenne. Vrai succès mais aussi un certain manque d’ambition de ce dernier. Avec un 100€ garanti à seulement 20K contre un 50€ à 15K chez son concurrent, Pokerstars a limité les risques pour le format très particulier qu’est le PLO HU. En 6-max, le WS19 et le SCOOP 3B proposait une garantie similaire à 30.000€. Avec un buy-in à 50€, Winamax a enregistré une fréquentation 3,5 fois moins forte que le tournoi à 20€ de PS, et attiré à peine 30% de joueurs en plus que la version à 200€ dotée du double de prizepool. En choisissant des limites élevées pour cette variante, Winamax n’a pu séduire sa clientèle plus récréative et « hold’em addicted ».
 Le Hold’em Shorthanded a sans surprise fait le plein, Winamax privilégiant cette formule pour un tiers des tournois organisés contre un MTT sur cinq côté Pokerstars. Ce dernier est encore une fois largement devant en termes de fréquentation sur les middle Buy-in, avec un écart moins conséquent qu’en Omaha : seulement 36% de joueurs en plus pour PS sur les tournois à 20€ (4429j sur le SCOOP 12B contre 3257j lors du WS #24). Sur les limites supérieures, le choix de Winamax est payant avec plus d’évènements et des prizepools garantis plus ambitieux : pour 100.000€ assurés aux joueurs, Winamax proposait un tournoi à 100€ alors que son homologue jouait la sécurité avec un tournoi à 200€. Choix payant puisque le nombre de participants explose, et le prizepool final n’accuse qu’un retrait de 11% sur PS.
Le constat est le même en 4max. Winamax a opté pour un Buy-in intermédiaire à 50€ dans cette variante garantissant 60.000€ de prizepool alors que Pokerstars privilégiait une entrée à 15€/150€ avec une version High dotée de « seulement » 80.000€. Résultat : en payant leurs entrée trois fois moins cher, les joueurs se sont finalement partagés deux fois moins d’argent (71.5K€ contre 136.5K€).
 Les modes Rebuy sont en revanche clairement en faveur de Pokerstars. Sur les tournois à 10€, la fréquentation y est de 90% supérieure au tournoi équivalent (version Full Ring) de Winamax. Au buy-in 20€ c’est même six fois plus de joueurs qui ont pris part à la compétition sur Pokerstars générant un prizepool deux fois plus important. Enfin le 100€ 1R1A regroupe quasiment autant de joueurs que le 10€ du leader du marché. Au total, les tournois rebuy en NLHE auront généré 880.000€ de prizepool, soit sept fois plus que les deux seuls tournois des Series. En revanche, le choix du mode Re-entry pour quatre évènements permet à Winamax de compenser en partie cet imposant écart, même si un 100€ Re-entry Winamax ne réalise que 75% de la fréquentation d’un 200€ Rebuy Winamax. Il s’agit clairement d’un axe de progrès pour la prochaine édition de Series afin d’envisager des tournois à prizepool plus importants.
 Restent les modes exotiques qui connaissent leurs heures de gloire à l’occasion d’évènements de ce type. Pokerstars a dédié un event à la formule KnockOut, Winamax lui préférant une formule Bounty sur sa palanquée de people, sportifs, pros. Légèrement différent donc, la version PS a attiré 12% de joueurs en plus. Avec plus de 1500 joueurs à 100€, le KnockOut est définitivement plus rentable, d’autant plus que les bounties y sont financés par les buy-in. En mode Shootout, le géant américain se permet de capper le nombre d’entrées à 1000 joueurs, chiffre atteint assez facilement sur l’event Low. Au même buy-in l’event des Series attire à peine 60%  de ce nombre (632 joueurs). C’est d’ailleurs le seul event dont l’overlay ne sera pas couvert par les joueurs pour environ 20% de la garantie.
 Les deux opérateurs ont achevé leur offre de tournois exceptionnels par un event au buy-in de 1000€, mais avec un prizepool garanti pharaonique de 1 million d’euros quand son concurrent se contentait d’assurer 150.000€ aux joueurs, Pokerstars a littéralement enterré Winamax. Fort de 1255 participants, c’est presque 1,2 millions d’euros qui seront partagés entre les joueurs. Pour vous donner un ordre d’idée, le vainqueur du HighRoller Winamax remporte autant que le … 6e du Main Event des SCOOP, le vainqueur de celui-ci s’octroyant la bagatelle de 202.682€. Espérons qu’il soit français pour nos amis des impôts …
S’il est un domaine dans lequel Winamax excelle bien plus que son concurrent, c’est celui de l’originalité et de la créativité. En proposant un tournoi « Bounty » avec ses peoples et sportifs, en assurant au vainqueur du deuxième Sunday Surprise un accès à trois évènements des championnats du monde ou au vainqueur du premier un accès illimité  aux 27 tournois, les Winamax Series ont conféré une image plus fun à leurs tournois, avec en point d’orgue la victoire dans le premier event d’un certain _LePecheur_ … un 1er avril. Nice one !
 Victoire au point pour Pokerstars donc qui démontre sa capacité à fédérer le plus grand nombre de joueurs, dont des étrangers, pour des prizepools jusqu’à plus d’un million d’euros, mais cela reste très close. Qui aurait cru à de tels montants en juin 2010 lors de la régulation et du cloisonnement du marché français. Winamax ne pourra donc pas se reposer sur ses lauriers de chipleader du marché. Surtout que derrière, la relève arrive et compte bien se faire une place parmi l’élite. Et si finalement, les vrais vainqueurs n’étaient autres que les joueurs … 

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