vendredi 18 mai 2012

LA PUB SE MET AU POKER : Bank of Poker/Charliepoker : 0-0

Mi-avril, fort d’un buzz savamment orchestré ou bénévolement relayé par la quasi-totalité des forums et communautés de poker, Bank of Poker.com annonçait une « Révolution du poker ». Branle-bas de combat chez Barrière Poker et réunion de crise chez Pokerstars monde ? Soupe populaire pour Winamax et Polemploi chez Microgaming ? Car la promesse interpelle : jouer au poker gratuitement et gagner de l’argent sonnant et trébuchant. Un mois après cette annonce, chimère et fausse bonne idée ou véritable révolution en marche ?



L’idée est vieille comme le monde ou presque, les publicitaires financent le fonctionnement du site et les dotations des internautes en échange de la disponibilité de cerveaux offerte. Les annonceurs paient pour sponsoriser un tournoi, diffuser une publicité avant le lancement du SnG ou après 30 mn de jeu, … En contrepartie, une partie de la somme payée par cet annonceur est reversée en prizepool pour les joueurs. Lancée en avril 2012, Bank of Poker affiche son ambition dès sa Home Page. "Révolutionner le poker sur internet", rien que cela, pour ce « premier site de poker gratuit au monde à proposer de façon permanente des tournois gratuits de 9 à 5000 joueurs avec des dotations jusqu’à 5000€ et plus », comme il se décrit en Homepage du site.

Passons outre l’extraordinaire performance marketing qui rend possible des dotations jusqu’à 5000€, donc sous-entendue somme maximale, tout en ajoutant « et plus », donc sous-entendue somme ... pas maximale. Autre arrangement marketing, l’aspect pionnier qui oublie le lancement quelques semaines auparavant de Charliepoker, sur le modèle « Le premier site de poker entièrement gratuit vous donnant des gains d’argent réel, vous permettant de jouer aux tournois quand vous voulez. » Cela vous rappelle quelquechose ?
Si les deux opérateurs affichent tous deux une version bêta de leur interface, Bank of Poker est accessible en Flash sur PC et Mac, tandis que Charliepoker vous invite à télécharger son logiciel à l’instar des vrais sites de poker en ligne. En revanche, n’envisagez pas de faire du volume puisque le monotabling est de rigueur dans les deux cas. N’espérez pas non plus jouer des milliers de mains, l’interface de Charliepoker est franchement lente, mais fait figure de bolide face à la version arthritique de Bank of Poker pour octogénaire rhumatisant. L'annonce ces derniers jours d'une nouvelle version 2.0, toujours bêta, sensée corriger les bugs, améliorer le gameplay et présenter une nouvelle ergonomie (comprendre : refonte graphique des boutons) en dit long sur la préparation de ce lancement. Cerise sur le gâteau, non seulement Bank of Poker plante régulièrement mais il n’est ensuite pas toujours possible en rouvrant l’application de reprendre sa place, ni d’ouvrir un nouveau SnG puisque vous êtes en train de jouer sur une table … à laquelle vous ne pouvez plus accéder. Imparable !
Différence de taille enfin pour le jeu, Bank of Poker ne propose que du SnG/Tournoi tandis que Charliepoker a choisi le Cash Game.
Le modèle économique de ces deux intervenants d’un genre nouveau est bien entendu légal puisque les joueurs ne parient pas d’argent. Sur Charliepoker, la simple connexion quotidienne vous crédite de 50.000$ (virtuels bien sûr) pour jouer sur des tables 6-handed 10/20 avec pour objectif de faire partie des 100 premiers au 01 juillet 2012 qui se partageront les 15.000€ (bien réels cette fois) du tournoi de lancement de la room. En attendant les 10 meilleures progressions quotidiennes sont récompensées de 5€ cash. Pas de publicité à la table, on joue comme sur les rooms classiques. A quand l'arrivée de la pub ?

C’est plus compliqué chez Bank of Poker. Chaque joueur bénéficie de trois crédits par jour pour participer à des SnG 9 joueurs ou 18 joueurs, il doit ensuite attendre le lendemain pour pouvoir rejouer, ou passer par des parties « training » qui font gagner de nouveaux crédits. Malin, puisqu’à chaque partie, vous êtes d’abord accueilli par deux publicités de 30s, puis la publicité tourne sans discontinuer à la table, avec même des interruptions de la partie comme à la télé. Les gains vont de 0.20€ à 0,92€ selon le type de SnG choisi. Un système de fidélité est aussi en place, permettant d’avoir plus de crédits quotidiens par exemple, et soi-disant des tournois réservés. Enfin des tournois sponsorisés pouvant proposer jusqu’à 5000€ de dotations sont annoncés.
Le principe est simple : des offres alléchantes et des process qui permettent de ne pas les tenir. Ainsi le fameux tournoi à 15.000 de Charliepoker pour les 100 premiers du classement est annoté de l’astérisque : « Les gains seront payés uniquement si le nombre d’inscrits est supérieur à 15.000 le 15 juin 2012 à 23h59 ». Très ambitieux ou très roublard. Chez Bank of Poker, après un mois de lancement, marqué dès le premier jour par un soft planté avant même la première distribution de cartes, des tournois à 1000€ sont annoncés à 21h00 mais avec une mention « à venir » que l’on peut sans problème imaginer ne jamais venir. En attendant, les annonceurs ont plébiscité le principe puisque l’on retrouve déjà sur les tables des marques comme CDiscount, Cofidis, ING Direct, Côte d’Or, Fortuneo … Quant au programme VIP, chaque palier nécessite de remporter la bagatelle de 370 SnG à 9 joueurs (pour rappel, trois seulement sont accessibles par jour). Quand fidélité rime avec vache à lait ...
Pourtant, il faut reconnaître que ces sites répondent à une véritable demande. Sur les sites agréés, outre les pros et les joueurs réguliers, les freeroll players sont légion. Sur Winamax, il ne faut désormais que quelques minutes pour atteindre le plafond des 5000 joueurs, parmi lesquels euls huit d’entre eux toucheront plus d’1€ de gains soit 0,16% d’entre eux. Remporter 1€ sur un SnG gratuit à 18 joueurs sur ce nouveau format de poker n’est donc pas une si mauvaise alternative.
Le plus simple est encore de vous faire votre propre idée, mais après avoir testé les deux solutions, Charliepoker est  l’application la moins mal aboutie, Bank of Poker l’offre la moins douteuse. Pas d’inquiétude pour les sites payants, au pire, des joueurs ne leur rapportant rien vont s’échapper, mais ces derniers devraient revenir rapidement  en se rendant compte que les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.  Surtout que sans contrôle d’un organisme indépendant, l’équité du jeu et des tirages n’est finalement garantie que par l’assertion, impossible à vérifier, « 100% contrôlé par huissier » des protagonistes. Un peu léger …

1 commentaire:

  1. Très sympa cet article. J'avais rapidement entendu parler de ses rooms et en fait sans savoir l'histoire de la pub ...

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