mercredi 9 mai 2012

L'EVOLUTION DU MARCHE DU POKER EN LIGNE

Je décachète l’enveloppe, en extraie avec fébrilité le carton sur lequel se trouve le nom du vainqueur. L’heure est grave, le moment historique pour les deux prochains jours. A l’échelle de l’évènement.
Et le vainqueur du PowerPoint d’or du trimestre est … L’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne !
Sans surprise, c’est une nouvelle fois l’ARJEL qui s’adjuge ce titre, à la suite de la parution le  04 Mai de sa désormais classique « Analyse trimestrielle du marché des jeux en ligne en France ». 32 pages pleines d’informations sur le joueur, son mode de jeu, ses habitudes, sa fréquence d’addiction, … Une mine d’or d’informations reprise en cœur par tous les sites d’infos poker, forums, blogs et donc désormais ici.
Sur les paris sportifs, après une année 2011 clairement en deçà des attentes des opérateurs, ces derniers retrouvent sur ce premier trimestre 2012 des raisons de se montrer optimistes. Si le nombre de comptes joueurs actifs reste presque stable (-3%), le montant des mises affiche une belle hausse de 14%, le chiffre d’affaires (Produit Brut des Jeux, PBJ) des sites progressant, lui, de 7%. Du côté des paris hippiques, l’augmentation des mises est sensiblement identique (+13%) mais le PBJ est supérieur à 20% à celui de la même période l’an dernier, avec dans cette activité en revanche, 10% de comptes actifs supplémentaires.

En ce qui concerne le poker, les tendances Cash Game et Tournois continuent à s’opposer avec des mises qui baissent à nouveau de 5% pour la première et qui à l’inverse continue sa progression de 26% pour la deuxième. Ce qui a pour impact sur le marché du poker un recul de 3% du PBJ des opérateurs. Si le niveau de comptes joueurs actifs est très légèrement supérieur au premier trimestre 2011, la variation d’une semaine sur l’autre est la plus importante qu’a connue le marché depuis son ouverture, de 345.000 début février à moins de 300.000 fin mars. Les opérateurs sont donc confrontés à une véritable problématique marketing et financière : les joueurs se détournent de l’activité la plus lucrative pour s’orienter vers les tournois : 87% des comptes joueurs actifs ont participé à un tournoi en T1 2012 contre 84% un an auparavant, mais surtout 62% ont joué en Cash Game alors qu’ils étaient 68% en 2011.

Cela rend par exemple les bonus de bienvenue sans grand intérêt puisque l’ensemble du marché est aujourd’hui positionné sur la même offre (500€), et qu’ils n’adressent pas le besoin des joueurs puisqu’inadaptés aux joueurs de tournois. La réponse commence à se faire sentir, les bonus cash dédiés aux MTT, de 5€ ou 10€ en 2011 sont passés en l’espace de trois mois à 50€ sur certaines rooms « secondaires ». La preuve donc que la limitation des bonus de bienvenu par l’ARJEL est positif pour les joueurs, les regs de Cash Game qui sont les seuls à pouvoir les décrocher préférant se contenter des rooms principales au regard de leur liquidité et programmes de fidélité/rakeback.

Au total, nous sommes 772.000 joueurs de poker actifs sur ce premier trimestre, soit plus que de parieurs sportifs et hippiques réunis.

A quoi ressemble ce joueur et quels sont ses habitudes ? D’abord, c’est un joueur qui vieillit un peu par rapport aux six derniers mois, la population 35-55 ans grossissant de 3% au détriment des 18-24 ans. Logique, puisque les joueurs ont naturellement vieilli depuis six mois, mais cela signifie que de nouveaux jeunes joueurs viennent moins en remplacement. C’est ensuite toujours très majoritairement un homme, la population féminine grandissant de 1%, ego et testostérone ont encore de beaux jours devant eux. Il n’aime pas déménager et n’a pas envie de supporter le prochain Champion de France de football puisqu’il réside toujours principalement dans le Nord, l’Ile-de-France et les Bouches-du-Rhône, ces trois régions étant néanmoins celles qui affichent les plus grosses baisses de comptes joueurs actifs en poker par rapport à T1 2011. A l’opposé, le Finistère a le vent et le chouchen en poupe (+2459 comptes).

Il joue de plus en plus en mode récréatif, 50% des joueurs (contre 48% l’an dernier) ont misé moins de 100€ sur le trimestre, et ce chiffre monte à 81% si l’on compte les joueurs ayant misé moins de 300€. Ce qui ressort, en revanche, c’est que la population de joueurs la plus touchée est celle des joueurs de Cash Game misant de 10.000€ à 30.000€ : Près de 30% de joueurs en moins ! Quant aux 2385 joueurs qui misent trimestriellement plus de 100.000€, ils sont, eux, 4% de moins. Nul besoin d’aller chercher très loin une raison à la  baisse du CG de 9% sur la période. C’est un coup dur pour les leaders du marché car en y regardant de plus près, 1% des joueurs de CG génèrent à eux seuls 59% du total des mises, si l’on prend 10% des joueurs, ce chiffre monte même à 90%. Cette baisse significative sur la population la plus active vient donc impacter directement les résultats financiers trimestriels des poids lourds du marché, alors qu’ils peinent déjà tous à rentabiliser leur activité. L’actualité anxiogène sur la fiscalisation peut-elle expliquer cette baisse d’une année sur l’autre, les gros grinders répondant aux sirènes maltaises ou autres pour retrouver le .com ? En tout cas, l’ARJEL, dans sa grande analyse, se cantonne aux chiffres et se garde bien de tirer toutes conclusions, surtout si elles sont contraires aux décisions gouvernementales.

En revanche, elle va plus loin sur des sujets hautement plus importants. Saviez-vous par exemple que le joueur en ligne, toutes activités confondues, a déposé 73€ par mois sur son compte, soit 1€ de moins que sur la même période l’an passé, mais 3€ de plus qu’au dernier trimestre 2011. Et devinez quoi ? Le joueur de poker joue plutôt le soir, beaucoup moins la nuit … Voilà, une fois que vous avez dit cela, nous sommes bien avancés. Surtout qu’elle ajoute que bien évidemment, les joueurs privilégient les dépôts par cartes bancaires pour ceux qui croiraient que le mandat-poste est toujours une option. Signalons que les cartes prépayées prennent une place de plus en plus importante dans le mode de paiement, belle ironie puisqu’une des dernières décisions de l’ARJEL (n°2012-049 du 18 avril 2012) portait sur le refus aux opérateurs de proposer eux-mêmes des systèmes de paiement à leurs clients puisque n’étant justement pas prestataires de services de paiement.

Dans les informations complémentaires disponibles dans ce rapport trimestriel, deux points importants viennent conclure cette analyse : La mobilité continue sa percée puisqu‘en un an ils sont quatre fois plus nombreux à jouer sur smartphones et tablettes. Winamax a donc eu le nez creux puisque le marché de la mobilité lui appartenait quasiment tout entier (Bwin permettant juste de monotabler en Cash Game, la belle affaire …) jusqu’à ces dernières semaines et le lancement, enfin, de l’application Pokerstars mobile. Ce pourcentage devrait donc s’accroître de manière significative au prochain trimestre. L’autre aspect que révèle ce document a trait aux investissements publicitaires des opérateurs, mais ne faisant pas de différences entre paris sportifs, hippiques et poker, difficile d’en tirer des conclusions spécifiques aux acteurs du marché du poker. Dans l’ensemble, on retient que les dépenses publicitaires ont chuté de 44% d’une année sur l’autre, et que les bonus et offres de parrainage représentent plus de la moitié de ces investissements, surtout par effet mécanique.

 soxav


4 commentaires:

  1. Nice post,

    Merci de l'éclairage et des infos !

    Edouard "Stressss"

    RépondreSupprimer
  2. Ah ah il est fort le sox !
    il se sert de Wam pour attirer su monde sur son vrai Blog ... il est très fort le bougre !!!

    Signé : Un photoshopeur anonyme

    RépondreSupprimer
  3. tx sox, toujours aussi intéressant.

    cr.13

    RépondreSupprimer