lundi 30 mai 2016

SCOOP 2016 : Analyse avec A. Laipsker

Produit phare des promotions Pokerstars, les Spring Championship Of Online Poker se sont tenues en avril. Nombre d’events inchangé, communication plutôt light, le résultat l'est-il tout autant ? Depuis un an, l’environnement de la room a fortement évolué : coupes budgétaires imposées par la maison-mère, orientation forte sur le joueur récréatif, tension et confrontation avec ses joueurs les plus réguliers. Alors que les joueurs du .fr ont plébiscité les Series concurrentes jouées en parallèle, ces SCOOP livrent une première tendance de l'impact de la 'réorientation stratégique' de l'opérateur sur le marché français.

Avec 4M€ garantis pour autant d'events, Pokerstars a diminué la garantie totale des SCOOP d’un million d’euros : -20.5% sur la série High, -14% sur la série Low. Alexis Laipsker, Directeur de la communication de Pokerstars, confie sans détour :

"Cette baisse est requise du fait des résultats actuels. PokerStars essaye toujours de proposer la garantie la plus attractive possible avec un niveau de risque acceptable."

Le Main Event High fait bien entendu les frais de cette stratégie en passant à 750.000€ Gtd, mais la tendance est générale. Seuls six tournois sur cinquante ont vu leur garantie maintenue à l’identique de 2014, les autres accusant des baisses de 6% à 50% ! Au final l’édition 2016 distribue 4.5M€, couvrant donc de 12,5% en ligne avec les SCOOP 2015 (5.5M€ en 2015 pour 11% de couverture).


Sans grande surprise, la série High est plus impactée par la baisse de fréquentation. A la baisse des garanties s'ajoute probablement la désaffection de joueurs directement impactés par les changements récents de la room en termes de système de fidélité. Ainsi, 80% des events affichent une baisse de fréquentation dépassant 15%, pour une moyenne globale de 18,5% sur les dix jours. Comparé à la baisse des garanties, le résultat est plutôt favorable. Seul le #13 (Re-entry sur deux jours) réussit à attirer plus de monde (+2.47%) que lors de la précédente édition.
Dans la catégorie ‘Low’, la tendance est moins mauvaise (-15%) en ligne avec les garanties (-14%), avec trois tournois en progression par rapport à 2015 : Event #02 (Re-entry sur deux jours) +1.75%, #13 (Re-entry sur deux jours) +14.50% et #22 (Main Event) +2.09%.

Pour la deuxième fois de l’année, Pokerstars a fait l’impasse sur l’alléchant Million Event, "adaptant les garanties à la demande constatée", selon A. Laipsker. La room semble avoir abandonné la guerre d’image face à Winamax en réduisant son prizepool et en le reportant d’une semaine par rapport à l’an passé (Day 2 joué le 19/04 au lieu du 14/04 en 2015). Pour la première fois depuis plusieurs années, il n'était donc même pas programmé en même temps que son homologue des Winamax Series. Avec sa garantie en baisse de 25%, le field ne recule finalement que de 20.83%. Une satisfaction bien relative pour un opérateur qui aura néanmoins réussi un joli tour de communication en achetant un habillage Clubpoker vantant 1.000.000€ Garantis … sur deux Main Events.
"Relancer des tournois à 1 Million d'euros n'est pas exclu et si une opportunité est identifiée, ils seront programmés."


Au final, on pourrait s’interroger sur l’avenir des SCOOP en l'état. Une série de tournois avec des Buyins élevés s’intègre-t-elle dans une stratégie orientée ‘récréatifs’ ? A. Laipsker "réfute ce postulat. PokerStars s’est toujours employé à satisfaire l’ensemble de ses joueurs : les récréatifs mais aussi les joueurs réguliers et aguerris. Je crois même qu’aucune room n’a d’éventail aussi large. Il n’est pas question de tourner le dos à qui que ce soit." Pourtant, variante moins grand public, le Omaha en a par exemple déjà fait les frais, quasiment absent avec une seule soirée dédiée cette année.
Si le bonus 2016 a subi une cure d’amaigrissement, passant à 25% du dépôt (jusqu’à 50€) alors qu’en 2015 il était de 50% du dépôt (jusqu’à 150€), le traditionnel Freeroll du Million (en réalité un Freebuy, 1€ pour chaque Rebuy et Addon), voit 42 Tickets Main Event Bas offerts aléatoirement toutes les quinze minutes pendant 1h30 de jeu (soit la période de rebuy). Même si le tournoi séduit moins qu'en 2015 (-3,15%), l'offre motive les joueurs à rester en lice plus longtemps, le nombre de rebuys explose (+18%). Plus de joueurs étant mécaniquement encore présents en fin de période de rebuy, le volume d'add-on progresse de 12%. Bonne pioche pour cette version 2016 : dans un environnement baissier, la room parvient à augmenter le taux de participation par joueur.

Enfin, fidèle à sa nouvelle stratégie "récréative", Pokerstars a mis en place une ‘Mission’ comme l’opérateur le fait maintenant à de nombreuses occasions : "Il suffisait de faire deux ITM pour être inscrit à ce freeroll, ce qui est relativement accessible". Malgré les 5000€ à la clé, seuls 284 joueurs y ont finalement participé alors que les SCOOP ont généré plus de 90.000 buyins (hors re-entry). Pour Pokerstars, "[ce] résultat est très anecdotique. Ce n'est pas ce que nous retenons d'une série aussi ambitieuse". 

"Le marché français est compliqué et dans ce contexte ainsi que les autres produits que nous promouvons, nous sommes satisfaits de ces SCOOP."

Le bilan comptable est positif. La baisse de fréquentation est sensiblement en ligne avec la baisse des garanties. Malgré 28% de tournoi en overlay contre 20% en 2015, Pokerstars a généré un revenu de plus de 200.000€ net, hors tournois réguliers supprimés. Un chiffre en phase avec les résultats engrangés par la concurrence sur la même période (plus de 400.000€ en 91 WS).
Enfin si le résultat net hors prélèvement et bonus accuse un recul de 8,5%, l'opérateur a limité l'overlay 'net'* à 7K€ (trois tournois concernés contre sept en 2015), quand il atteignait près de 30K€ l'an passé. "Ce n'est pas un outil de recrutement mais plus un outil de rétention et de réactivation afin d'offrir régulièrement des offres excitantes pour nos joueurs existants". Force est de constater que Pokerstars.fr a réussi à optimiser son risk/reward en adaptant son offre promotionnelle.
Même s'il ne rentre pas dans les détails, A. Laipsker reconnaît que beaucoup de choses sont imaginées et que Pokerstars travaillent à des opérations 'cross produits', sans en dévoiler plus. L'arrivée de BetStars en France est une question de jours selon Rafi Askenazi, PDG d'Amaya. Si le .fr espère l'agrément de l'ARJEL, de préférence avant l'EURO 2016, le marché italien vient de découvrir l'offre le 23 Mai avec la mention "Beta".
La première passerelle entre Series poker et paris avait vu le jour lors des WCOOP 2015. A l'occasion des SCOOP 2016 sur le .com, Pokerstars a ainsi innové en lançant un Leaderboard 'Team Pro'. Les clients BetStars avaient l'opportunité de parier sur les trente joueurs concernés. Bientôt en France ? 

soxav

*Overlay non couvert par le rake, et donc un coût à financer réellement par l'opérateur.

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