Choc des titans en ce début avril avec la rencontre à
distance des deux poids lourds du marché du poker en France opposant les Series
III de Winamax et les SCOOP 2012 de Pokerstars (Spring Championship of Online
Poker). Sur le ring, à ma droite (ne voyez là aucune allusion à la dernière
interview de Patrick Bruel), 2 millions d’euros garantis pour 27 tournois et
3.300€ de droits d’entrée sur une semaine. A ma gauche, son challenger et
ancien champion en titre, accusant à la pesée 3.5 millions d’euros garantis
pour 34 tournois sur deux semaines et 3.645€ de droits d’entrée. Ces deux
semaines de combat ont-elles vu la victoire aux points ou par KO d’un des
protagonistes ?
Sans surprise, après la semaine des Winamax Series, le camp W affiche un grand sourire arguant de « dotations énormes » et d’une «
affluence maximale ». « Même pas mal », doit-on se dire une
semaine plus tard dans le camp Pokerstars à l’issue de tournois probablement
qualifiés de « prizepools gigantesques » et autres « fréquentations
stratosphériques » . Oublions les échanges d’épithètes aussi évidents que
prévisibles et subjectifs pour étudier en détail les véritables chiffres de
cette confrontation.
La fréquentation démontre un vrai engouement pour les deux
évènements. Avec près de 95.000 joueurs sur l’ensemble de ses tournois,
Pokerstars devance de loin Winamax qui n’en affiche « que » 62.000. Rapporté au
nombre de tournois des deux rooms, les tournois de PS ont attiré en moyenne 21%
de joueurs en plus (2780 vs 2290) pour des prizepools garantis 75% supérieurs
au départ. Winamax a donc mieux rentabilisé le risk reward mais s’est fait
largement distancer en volume par Pokerstars.
Du côté de Winamax, on pourra émettre des regrets sur cette
garantie, dépassé de 25% au total malgré trois events (#19,20 et 24) dont le
prizepool n’est pas totalement couvert par les droits d’entrées des joueurs. A
l’inverse, Pokerstars ne connaît pas le phénomène, toutes les garanties ayant
été atteintes, ce seront finalement 4.7 millions d’euros qui auront été
partagés entre les joueurs. Si certains sont inquiets de la santé financière
des deux opérateurs à l’issue des évènements, qu’ils se rassurent. Winamax a
engrangé 220.000€ de rake brut, Pokerstars 355.000€. Même après la ponction de
l’état d’environ un tiers, ces séries de tournois offrent un ROI plus
qu’intéressant avec une moyenne de 8.150€ de commissions par event Winamax
Series, et de 10.440€ par tournoi SCOOP.
Si le Hold’em a bien entendu connu les faveurs de ces
tournois, les opérateurs n’ont pas négligé la variante Pot Limit Omaha avec
sept events dans ce format. Avec des prizepools garantis à peine dépassés,
voire non atteint sur l’event 1, Winamax
a paré au plus précis, Pokerstars explosant ses garantis de 35% en moyenne.
Vrai succès mais aussi un certain manque d’ambition de ce dernier. Avec un 100€
garanti à seulement 20K contre un 50€ à 15K chez son concurrent, Pokerstars a
limité les risques pour le format très particulier qu’est le PLO HU. En 6-max,
le WS19 et le SCOOP 3B proposait une garantie similaire à 30.000€. Avec un
buy-in à 50€, Winamax a enregistré une fréquentation 3,5 fois moins forte que
le tournoi à 20€ de PS, et attiré à peine 30% de joueurs en plus que la version
à 200€ dotée du double de prizepool. En choisissant des limites élevées pour
cette variante, Winamax n’a pu séduire sa clientèle plus récréative et «
hold’em addicted ».
Le Hold’em Shorthanded a sans surprise fait le plein,
Winamax privilégiant cette formule pour un tiers des tournois organisés contre
un MTT sur cinq côté Pokerstars. Ce dernier est encore une fois largement
devant en termes de fréquentation sur les middle Buy-in, avec un écart moins
conséquent qu’en Omaha : seulement 36% de joueurs en plus pour PS sur les
tournois à 20€ (4429j sur le SCOOP 12B contre 3257j lors du WS #24). Sur les
limites supérieures, le choix de Winamax est payant avec plus d’évènements et
des prizepools garantis plus ambitieux : pour 100.000€ assurés aux joueurs,
Winamax proposait un tournoi à 100€ alors que son homologue jouait la sécurité
avec un tournoi à 200€. Choix payant puisque le nombre de participants explose,
et le prizepool final n’accuse qu’un retrait de 11% sur PS.
Le constat est le même en 4max. Winamax a opté pour un
Buy-in intermédiaire à 50€ dans cette variante garantissant 60.000€ de
prizepool alors que Pokerstars privilégiait une entrée à 15€/150€ avec une
version High dotée de « seulement » 80.000€. Résultat : en payant leurs entrée
trois fois moins cher, les joueurs se sont finalement partagés deux fois moins
d’argent (71.5K€ contre 136.5K€).
Les modes Rebuy sont en revanche clairement en faveur de
Pokerstars. Sur les tournois à 10€, la fréquentation y est de 90% supérieure au
tournoi équivalent (version Full Ring) de Winamax. Au buy-in 20€ c’est même six
fois plus de joueurs qui ont pris part à la compétition sur Pokerstars générant
un prizepool deux fois plus important. Enfin le 100€ 1R1A regroupe quasiment
autant de joueurs que le 10€ du leader du marché. Au total, les tournois rebuy
en NLHE auront généré 880.000€ de prizepool, soit sept fois plus que les deux
seuls tournois des Series. En revanche, le choix du mode Re-entry pour quatre
évènements permet à Winamax de compenser en partie cet imposant écart, même si
un 100€ Re-entry Winamax ne réalise que 75% de la fréquentation d’un 200€ Rebuy
Winamax. Il s’agit clairement d’un axe de progrès pour la prochaine édition de
Series afin d’envisager des tournois à prizepool plus importants.
Restent les modes exotiques qui connaissent leurs heures de
gloire à l’occasion d’évènements de ce type. Pokerstars a dédié un event à la
formule KnockOut, Winamax lui préférant une formule Bounty sur sa palanquée de
people, sportifs, pros. Légèrement différent donc, la version PS a attiré 12%
de joueurs en plus. Avec plus de 1500 joueurs à 100€, le KnockOut est
définitivement plus rentable, d’autant plus que les bounties y sont financés
par les buy-in. En mode Shootout, le géant américain se permet de capper le
nombre d’entrées à 1000 joueurs, chiffre atteint assez facilement sur l’event
Low. Au même buy-in l’event des Series attire à peine 60% de ce nombre (632 joueurs). C’est d’ailleurs
le seul event dont l’overlay ne sera pas couvert par les joueurs pour environ
20% de la garantie.
Les deux opérateurs ont achevé leur offre de tournois
exceptionnels par un event au buy-in de 1000€, mais avec un prizepool garanti
pharaonique de 1 million d’euros quand son concurrent se contentait d’assurer
150.000€ aux joueurs, Pokerstars a littéralement enterré Winamax. Fort de 1255
participants, c’est presque 1,2 millions d’euros qui seront partagés entre les
joueurs. Pour vous donner un ordre d’idée, le vainqueur du HighRoller Winamax
remporte autant que le … 6e du Main Event des SCOOP, le vainqueur de celui-ci
s’octroyant la bagatelle de 202.682€. Espérons qu’il soit français pour nos
amis des impôts …
S’il est un domaine dans lequel Winamax excelle bien plus
que son concurrent, c’est celui de l’originalité et de la créativité. En
proposant un tournoi « Bounty » avec ses peoples et sportifs, en assurant au
vainqueur du deuxième Sunday Surprise un accès à trois évènements des
championnats du monde ou au vainqueur du premier un accès illimité aux 27 tournois, les Winamax Series ont
conféré une image plus fun à leurs tournois, avec en point d’orgue la victoire
dans le premier event d’un certain _LePecheur_ … un 1er avril. Nice one !
Victoire au point pour Pokerstars donc qui démontre sa
capacité à fédérer le plus grand nombre de joueurs, dont des étrangers, pour
des prizepools jusqu’à plus d’un million d’euros, mais cela reste très close.
Qui aurait cru à de tels montants en juin 2010 lors de la régulation et du
cloisonnement du marché français. Winamax ne pourra donc pas se reposer sur ses
lauriers de chipleader du marché. Surtout que derrière, la relève arrive et
compte bien se faire une place parmi l’élite. Et si finalement, les vrais
vainqueurs n’étaient autres que les joueurs …
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