MISSION AFFILIATION : Danger !

Si l’on devait comparer le poker français online et son évolution sur ces trois dernières années, il serait à l’image de celle d’un être humain, mais en accéléré. Dans sa jeunesse (2010), les opérateurs ont fait mumuse avec leur nouveau jouet, se chamaillant sans cesse entre eux et jouant même à la bagarre avec leurs propres clients lors de désormais fameux sitout. L’année suivante, en pleine puberté, il a enchainé les dérèglements hormonaux à plus ou moins bon escient : communication désastreuse (système VIP de Pokerstars), orgie d’offres et promotions en tout genre (Winamax), volonté naïve et touchante de proposer du poker « différemment », avec  une issue sans surprise, de Poker83 à 200% Poker… Un an plus tard, la maturité et l’âge adulte sont  là : Le cercle d’amis s’est restreint en ne  gardant que les meilleurs, mais en draguant toujours tous les mêmes clients. Et ces derniers semblent s’être quelque peu lassés d’après les chiffres annoncés par l’ARJEL.

Signe des temps difficiles, c’est surtout dans la partie cachée de ce marché que l’on voit à quel point le marché est difficile. L’affiliation est en effet un élément moteur pour les sites de jeux en ligne. En marge des campagnes de communication onéreuses en TV, les opérateurs se sont toujours appuyés sur les forums, communautés et blogs divers et variés pour gagner en notoriété et en liquidités.

Passons rapidement sur les blogs d’informations ou d’actualités, de vie de joueurs, d’opinions qui peuvent agrémenter leur quotidien via des partenariats avec un opérateur ou deux, avec seul potentiel l’affiliation de sa copine, de sa grand-mère et du youki familial.

Viennent ensuite les sites de poker qui ont tous eu la même idée exceptionnelle en 2010 : comparer les opérateurs de jeux en ligne pour aider les joueurs à faire leur choix via une analyse poussée de la promotion de bienvenue, aujourd’hui partout pareille grâce à l’Arjel, de la couleur du skin ou des modes de paiement en ligne et autres critères déterminants. Au final, le classement obtenu vous donne une indication très précise de leurs meilleurs partenaires. Dans un genre un peu différent, mais toujours avec une idée de génie unique, une kyrielle de sites de mots de passe pour freerolls fait les beaux jours des opérateurs les moins en vue du marché. En effet, il faut être dans le besoin pour faire les yeux doux à des clients qui ne veulent pas payer pour jouer.

C’est quand on regarde du côté des forums communautaires que la crise est désormais vraiment apparente. Ces entreprises ne vivent que sur la publicité et l’affiliation des joueurs qu’elles ramènent aux rooms. Elles sont donc frappées en priorité par la crise du poker français. Clubpoker harcèle désormais ses membres pour lui rappeler les formidables freerolls de bienvenue auxquels ils ont droit s’ils créent un compte Bwin, Winamax ou Pokerstars via le forum. Depuis quelques semaines, c’est une revue d’actualité

quotidienne qui est envoyée dans la nuit et même la petite carte de vœux pour 2013. Affiliation dans le premier cas, nombre de pages vues pour justifier les tarifs publicitaires de bannières et autres habillages de Home Page

 De la même façon, De son côté, Poker Académie ne voudrait pour rien au monde que vous manquiez la dernière Rake race sur Everest ou ACF Poker, alors, là aussi, un petit rappel régulier hebdomadaire s’impose. Pourtant le site oublie inopinément des opérateurs comme Partouche alors que Winga et Sajoo y apparaissent encore. Autre signe de temps nouveaux, Poker Strategy, autre mastodonte des forums communautaires qui fonctionne sur un système de points fidélité à l’instar des opérateurs pour courtiser ses membres et les inciter à s’affilier, vient devoir son partenaire principal, Party Poker et Bwin, lui signifier qu’on n’a plus besoin de ses services et de l’offre de 40€ disponibles sur le site en contrepartie d’un simple quizz.

Les temps sont durs pour les acteurs de l’affiliation, d’autant plus que les joueurs qui font leur valeur ajoutée auprès des opérateurs du marché sont ceux-là même qui appellent de leurs vœux  une concentration du marché sur deux ou trois rooms seulement. Les opérateurs vont devoir à l’avenir s’appuyer sur de nouveaux modèles de sites et de nouvelles idées, en rupture avec un modèle aujourd’hui très peu orienté joueurs et qui atteint donc ses limites.

soxav