Dernier axe de cette stratégie, et non des moindres,
Barrière Poker a misé sur une offre d’envergure. En Cash Game, le nombre
appelle le nombre. Alors, pour arracher les regs les plus actifs aux systèmes
de fidélité adverses mieux-disant, les offres personnalisées proposent du
rakeback de 50%. La grille de tournois est pléthorique et évolue constamment
sur ces trois dernières années. La richesse et les garanties mettent quasiment
la room sur un pied d’égalité avec ses deux cibles prioritaires. Fin 2012, Les
prizepools de la gamme ‘Classics’ sont dopés, le Sunday 100K au buyin de cent
euros apparaît sur un format mensuel, accompagné des Speed For Cash portant la
promesse de 10.000€ à se partager tous les soirs. Mais la room se heurte à deux
écueils d’envergure : Le marché est déjà bien établi et recruter des
clients chez les concurrents se révèlent plus compliqué que proposer une offre dithyrambique
et dépenser des fortunes en campagnes publicitaires ou opérations sur les
communautés. Ensuite, l'appui des gros partenaires est très limité. Si Pokerstrategy est facile à séduire en raison de la réticence
des deux leaders du marché à entrer dans son mode de fonctionnement (points de
fidélité, bonus cash à l’ouverture), c’est encore et toujours Clubpoker qui
reçoit la majorité des budgets de communication communautaires, comme chez
Pokerstars et Winamax. Cela a pour résultat de multiplier la fréquentation de
Barrière Poker par 2,5 au dernier trimestre 2012, mais elle ne dépassera jamais
les 400 joueurs, soit la cinquième liquidité du marché seulement (cinq fsois moins importante que les deux leaders). Tant
d’énergie pour un résultat honorable, soit, mais tellement chèrement payé !
Outre la marge inexistante sur des joueurs disposant de 50% de rakeback, c’est du
côté de la grille de tournois que l’échec est malheureusement le plus visible.
L’argent injecté dans les garanties de tournois ne pouvait être rentabilisé
sans un afflux massif de joueurs. Ils ne feront que le bonheur des quelques regs assez
malins pour multiroomer. Les équipes marketing ne sauront jamais optimiser ces budgets marketing pour recruter des joueurs récréatifs et les habitués des autres rooms. Envoyer des communiqués de presse en format pdf aux
forums partenaires, en espérant qu’ils les relaient au milieu de toutes les
autres offres du marché, n'obtient aucun résultat.
- Le Sunday 100K attire 1332 joueurs pour sa première édition
mais les trois semaines précédentes voient des satellites garantissant vingt
entrées plusieurs fois par jour afficher des overlays de 50% à 70%. Par la
suite, le passage des qualifiers principaux à dix tickets garantis puis à cinq
à partir de mars laisseront la fréquentation du tournoi exsangue : en
seulement quatre éditions, il perdra la bagatelle de 500 joueurs, soit 40% du
field, pour un overlay lors de la dernière édition de 25%.
- A la même période, la fréquence du Highroller est accélérée.
Avec 20K€ puis 25K€ de dotation , Barrière Poker joue dans la cour des grands.
Neuf mois plus tard, le dernier HR n’en proposait plus que 10.000. Entre temps,
les tournois n’ont pas été rentables 75% du temps et ont coûté 50K€ en moins
d’un an sans attirer le moindre joueur supplémentaire comme le montre la
stabilité des fields, même avec la saisonnalité.
- Le duo des Speed For Cash (25€ et 15€ de buyin) se révèlent
des puits sans fond. L’Extreme (5K€Garantis) tournera près de deux mois à plus de 31% d’overlay moyen avant de voir
son prizepool lentement et inexorablement baisser. Les six premiers mois de son
existence, la garantie diminuera de 50%, pour à peine 14% des events atteignant
la couverture. Le Speed For Cash mettra 3.5 mois à voir sa garantie prendre la
même direction. Avec 30% d’overlay, et malgré un changement d’horaire bienvenu
en février, Barrière Poker perdra tous les soirs de cette période en moyenne
3000€ ! Pire : il faudra 250 jours à l’équipe marketing pour
atteindre 2000€ de garantis début août. 250 jours durant lesquels l’opérateur
dilapidera 413.000€, hors overlay sur
les satellites ! Un manque de réactivité criminel …
L’impression générale qui ressort, hormis la volonté
clairement affichée de jouer dans la cour des grands, est celle d’une room aux
moyens financiers sans limites et surtout sans plan. Dernier exemple avec la promotion ‘Chip it'. Lancée le 17 Octobre 2012, l’opération proposait 100.000€ au premier joueur qui
remporterait les cinq tournois majeurs de la room. Comble de malchance, il ne
faudra que six mois à BarAKmerguez pour effectuer la moisson de jetons et annihiler
tout espoir de rentabilité.
Comme il fallait s’y attendre, les actionnaires ont fini par
siffler la fin de la récréation. Tout a commencé début juin par la dénonciation
de la quasi-totalité des contrats d’affiliation. Officieusement, « la
ligne stratégiques est en attente de clarification par les actionnaires au
regard d’un marché en baisse structurelle. » Tout aussi officieusement, il
s’agit de réduire les coûts, et les premiers à en pâtir sont ceux qui ont
accompagné le développement de la room en lui apportant des clients. Ce sont
ensuite les joueurs qui sont impactés. La fréquentation déjà limitée diminue
comme peau de chagrin, les affiliés remerciés ne s’étant pas fait prier pour
inciter leurs joueurs à transférer leur jeu sur d’autres rooms plus rentables. La baisse généralisée des prizepools, annoncée pour cause
de fréquentation estivale en berne, se transforme en véritable saignée. La
plupart des tournois phares disparaissent (Classics, Highroller, Speed For Cash
de fin de semaine), certains n’affichent plus de garanties (le Classic 100€
s’est ainsi transformée en tournoi HU à plusieurs reprises). Le weekend
dernier, c’est au tour du Menu de passer à la trappe. Le tout dans un silence
assourdissant sur les forums où le
service clientèle était tellement présent jusqu’à peu.
Tous ces événements n’ont qu’un but : rendre la mariée
la plus belle possible pour permettre à Barrière Poker de se retirer du jeu,
tout en allant au bout du contrat qui lie LB Poker et le Groupe Caesars sur les
WSOP Europe. Pour les plus sceptiques concernant ce scénario, il suffisait de
lire Les Echos pour avoir l’information clairement et officiellement exposée
par La Française des Jeux elle-même.
La Française des Jeux et Groupe Barrière admettent […] réfléchir au
devenir de leur société commune, LB Poker. Si « aucune décision n'est
prise, toutes les options sont à l'étude », indiquent les deux
partenaires. « La FDJ restera présente dans le poker », précise toutefois
l'opérateur public. A entendre ces déclarations, l'arrivée d'un autre
partenaire serait donc bienvenue, sachant que l'activité de LB Poker est «
au-dessous des objectifs ».
Maigre consolation pour les
employés du groupe, c’est la première fois depuis la mise en place du marché
français que la chute d’un opérateur n’est pas sujette à des torrents
de sarcasmes de la part des joueurs bien au contraire. Les commentaires positifs, les
regrets devant cette situation qui s’enlise tous les jours un peu plus
fleurissent. La fin de Barrière Poker, c’est aussi un peu de concurrence qui
s’éteint, la perte du peu de poids des joueurs sur le marché. A eux de se tourner
enfin vers les solutions et organismes qui peuvent réellement défendre leurs
intérêts, à l’inverse de communautés qui ont oublié d’intervenir et de les
aider dans ces deux mois de mutisme de l’opérateur qui habillait pourtant
Clubpoker début septembre et continuait à reverser ses commissions à
Pokerstrategy. Mutisme
peut-être, mais mutisme ciblé semble-t-il …
soxav
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