A lire : Part 1 - CLOISONNE, INEGALITE, FISCALITE
Vous vous dites que ce n'est pas une différence de taille ? Souvenez-vous des Summer Shots début juillet chez Winamax : en une semaine, la room a généré 1.581.922,60€ de Buyin, dont 142.515,55€ de rake brut. Une fois les 31.353€ dus à l'état français, la TVA est estimée à 16.396€ (19,6% de [rake brut - Prélèvement de l'état - 10% de bonus joueurs]). Au final, la commission net pour Winamax s'élève environ à 83.650€. Si ces tournois avaient eu lieu sur une room située fiscalement hors de nos frontières, le revenu final aurait été de 101.242€, soit 16.4% de recettes supplémentaires !
Pokerstars
a lancé ce weekend son traditionnel French
Championship of Online Poker, FCOOP pour les intimes, avec 4 millions d'euros
garantis. Dans l'hypothèse où l’opérateur couvrirait juste les garantis de ces Events, en se basant
sur un taux de retour joueurs de 25% (les niveaux de buyins élevés, de 50€ à
2.500€, correspondent à des joueurs avec des statuts de fidélité élevés),
Pokerstars économiserait plus de 40K€ de TVA sur le chiffre d'affaires généré
par rapport à un opérateur basé en France. Hormis le leaderboard classique (dévoilé mi-octobre seulement), dont la page n'indique même pas le montant et qui est en partie sous forme de package dont la valeur n'est également pas indiquée, cette somme viendra surtout gonfler
les caisses de l’opérateur : ce classement de joueur atteint 7.3K€
de dotations, et le bonus habituel de redeposit, d'à peine 25% à
hauteur de 100€, est de toute façon autofinancé par le volume à réaliser pour le
« clear ». Une excellente opération financière avant tout pour la room.
Sur une
base quotidienne, cet avantage fiscal peut être estimé à 2.500€ en
moyenne (1), uniquement
pour la grille de tournois du soir de Pokerstars, pour les buyin supérieurs à
5€. A l'échelle d'une année complète, cela représente tout de même la bagatelle
d’1M€ ! Ajoutez les tournois du reste de la journée, le SnG et le Cash
Game, et cela donne une idée de l’avantage financier que la délocalisation
offre à la room chaque année : le chiffre d’affaires de Barrière Poker
pour 2011 au moins ! Les joueurs apprécieront de retrouver cet
avantage au niveau rakeback … ou pas. Ils se souviendront surtout cette fin
2011 où Pokerstars leur annonçait avec une tristesse infinie que la fiscalité du poker français les obligeait à diminuer
leur système de fidélité, faute de revoyure malgré la clause.
Sur la
plateforme Party Gaming, PMU reverse chaque soir environ 200€ au titre de la
TVA. Party Poker n’a pas ce problème, bien qu’ayant les mêmes tournois, le même
rake, les mêmes promotions, et surtout le même … système de fidélité. Sur iPoker,
90% des joueurs sont enregistrés sur Betclic, Everest ou Unibet. Si les sommes que les joueurs rapportent à ces opérateurs ne sont pas soumises à la TVA, ils n’ont
pour autant aucun avantage supplémentaire aux joueurs de TurboPoker.
Les opérateurs cherchent des solutions, surtout ceux basés en France, pour maintenir leur attractivité. Un exemple récent et symptomatique des divergences regs / rooms s’est joué début juin du côté de Winamax. Tollé quasi général des regs de SnG à la sortie de l’Expresso : rake exorbitant, discours (hypocrite au possible) sur le côté addictif, et baisse du trafic des tables dites « classiques ». Cerise sur le gâteau, Winamax décidait de rejouer dans la foulée la partition de Pokerstars fin 2011 : attendre les vacances pour annoncer en catimini une hausse du rake, en envoyant au front sur les communautés un soldat 'guignol' laconique que l’on pourrait résumer ainsi : « Le rake augmente mais bonne nouvelle, on fait une promo sur les statuts VIP à -50% ! Enjoy !».
Outre
cette communication fort discutable, les réactions des joueurs le sont tout
autant. Avec l’Expresso, Winamax cible clairement le joueur loisir, qui veut
jouer vite et prendre du plaisir. Peu lui importe que le rake soit de 1% ou 10%,
il veut juste jouer aux cartes. Certes, le trafic habituel des SnG déglingos
diminue, mais cela permet à la room de réaliser une péréquation de marge entre
ces Expresso pour récréatifs à 7% et les SnG Deglingos situés entre 6% (Buyin
1€ et 2€) et 5.40% (Buyin 10€). Sans cela, il ne fait guère de doute que
Winamax alignerait son rake sur les concurrents, avec des Deglingos à 6.5% pour
tout le monde, avec comme perspective immédiate la mort des winrate des joueurs réguliers.
Car on
en revient toujours au prélèvement de l’état : sur ce format Deglingos, le
poids des 2% de l’état pèse environ 35%. Pour un reg en 10€, avec un système de
fidélité de 25% rakeback, cela donne la structure de commission suivante :
- Rake :
0.54€ (soit 5.40%)
- Prélèvement
2% : 0.20€ (37.04%)
- Rakeback
25% : 0.13€
- TVA
19,6% (sur 0.54-0.20€-0.13€, soit 0.21€) : 0.035€, soit 7% du rake
L’opérateur
encaisse donc 0.175€ sur les 0,54€ de rake brut. Avec seulement 30% de rake net, pas
étonnant que la concurrence n’ait pas poussé ce format à succès,
même si elle ne paie pas de TVA !
La
hausse de rake sur les Sng HU est indéniablement un coup dur pour les regs de
la variante. Mais avec 4% de rake, un opérateur peut-il espérer pérenniser la
formule ? Pendant plus d’un an, Winamax a tout simplement géré cette variante
et la perte financière de ce dumping comme un budget marketing : surfer
sur l’augmentation de rake de Pokerstars et la grogne des joueurs pour les
faire migrer sur les tables W. Dix-huit mois plus tard, les regs sont bien
fidélisés chez l’opérateur, avec statuts Diamond et rakeback associés. Il n’est
donc plus besoin d’investir, l'heure est à la rentabilité.
Dans
l’ancienne formule Deglingos à 4%, la dîme de l’état ponctionnait 50% de
la commission du site. Si l'on rajoute le rakeback joueurs et la TVA, la
viabilité du format avec moins de 20% de rake net est impossible. Avec sa
nouvelle formule, Winamax optimise sensiblement son revenu, tout en restant
environ 1% de rake moins cher que Pokerstars. Aucun risque de voir la clientèle
partir à la concurrence, surtout si elle est plus chère. Seul Barrière
Poker, moins cher, aurait pu lui faire de l’ombre, mais encore
aurait-il fallu des joueurs sur la plateforme. Pour le format HU turbo, le
quasi alignement sur Pokerstars a vraisemblablement été également la base de
cette modification.
La bataille entre les deux leaders du marché est loin d'être finie. Depuis la fin du mois d'août, Winamax annonçait la modification des challenges hebdomadaires SnG, réclamée à cor et à cri depuis des mois par des regs, ayant décrété que cela leur revenait de droit au titre de rakeback pour leur volume. Raisonnement un brin absurde, ces challenges ne récompensant qu'un très faible nombre de joueurs d'un petit nombre de caves en comparaison du volume nécessaire pour les décrocher. ‘guignol’, sur Clubpoker, le confirmait d'ailleurs sans ambiguïté :
"Ce n'est clairement qu'un tout petit plus." (21
Août 2013)
Sans
notion de récurrence par joueur, cela ne peut être comparé à du rakeback, il
s'agit juste d'un moyen de communiquer et motiver des joueurs récréatifs, en aucun cas de récompenser des regs, comme ces derniers l'exigent sur tous les forums.
Pratique pour faire passer la pilule de l'augmentation du rake, la solution est
inespérée : ces quelques euros hebdomadaires ne vont récompenser qu'une poignée
de joueurs et les motiver tous ! L'augmentation du rake, qui finance largement
ce challenge, est en revanche, elle, bien payée par l'ensemble des joueurs.
Maintes
fois reportée, la sortie du challenge ne fait pas l'unanimité. Le challenge
classique SnG perd 1K€ de dotation, la création d'un challenge Expresso (dotation
3.000€) ne peut convenir à des regs déjà réticents à la formule et le challenge Grinder (dotation
3.500€) est décrié par les joueurs de SnG qui se sentent défavorisés par
rapport aux joueurs de DON, « qui n'ont que 50% des adversaires à éliminer ».
soxav
A suivre - semaine prochaine :
Part 3 : VIABILITÉ, RÉGULIERS, CLOISONNÉ :
(1) Estimation basée sur le relevé des fréquentations MTT des opérateurs réalisé le Jeudi 26 Septembre entre 19h00 et 00h00.
A suivre - semaine prochaine :
Part 3 : VIABILITÉ, RÉGULIERS, CLOISONNÉ :
(1) Estimation basée sur le relevé des fréquentations MTT des opérateurs réalisé le Jeudi 26 Septembre entre 19h00 et 00h00.
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