lundi 4 novembre 2013

VIABILITÉ, REGULIERS, CLOISONNE (Part 3/3)

A lire  également :

Part 1 - CLOISONNE, INEGALITE, FISCALITE

Part 2 - FISCALITE, CAFE SERRE, VIABILITE


Côté Pokerstars, pas question d'être en reste, avec le lancement de la promotion Hypermania  depuis le 01 Juin, qui vous accorde des bonus cash selon votre volume de SnG Hyper-Turbo. A la différence des challenges Winamax, l'individualité de l'offre en fait un véritable rakeback. Début septembre et face aux interrogations sur la reconduction de l'offre, l'annonce sur Clubpoker, puis la tenue d'un rendez-vous sur les SnG avec des représentants joueurs, est avant tout une excellente action de communication auprès de la première communauté de joueurs, qui regroupe tous ce que la France compte de regs, que l'on écoute et bichonne. Les premiers retours de cette rencontre ne semblent pas sensiblement changer la donne : comment expliquer que Pokerstars offre un système de fidélité à peine meilleur que Winamax, avec un rake SnG supérieur et des charges bien plus réduites au travers de la TVA et autres charges ?

La TVA, on y revient. Les joueurs ne voient pas la couleur des économies octroyées par "l'hébergement" maltais. Pourtant, les joueurs conviés par Pokerstars en Septembre n'ont pas eu à se rendre à Malte. Le métro parisien suffit amplement pour se rendre dans le 17e arrondissement parisien, dans les locaux de Halfords Media France. Vous ne connaissez pas cette entreprise ? Pas étonnant, ses statuts n'ont été déposés que quelques jours avant l'ouverture du marché cloisonné, en mai 2010, avec le modeste capital de 8.000€ et un code APE (Activité Principale Exercée) 8220Z dédié aux ... centres d'appels. Son Président ? Un certain Benjamin Sorge, accessoirement nommé Directeur Marketing de Pokerstars pour la France le mois suivant, en Juin 2010, épaulé par un Directeur de la Communication pour Pokerstars France dont le nom est loin d'être inconnu : Alexis Laipsker, le monsieur "Comm" de Pokerstars France, présentateur à ces heures perdues de La Maison du Bluff, membre du jury lors de la nomination de Ronan Montfort au sein de la Team Pokerstars TV, ... 

De baisse du rake, il n’a pas été question. Les joueurs auront juste droit au renouvellement de la promotion Hypermania, un bon point qu'il faut souligner tout de même, mais finalement un minimum. L'annonce du renouvellement de la formule en 2014 a finalement été confirmée le 31 Octobre. 


Aujourd’hui, les rooms militent pour une taxation du Produit Brut des Jeux (PBJ), en d'autres termes sur le chiffre d'affaires des opérateurs, qui leur permettraient de limiter  le poids de cette fiscalité. Le ‘No Flop No Drop’ n’aurait plus d’impact puisque aucune commission ne serait prélevée sur les mains s'arrêtant préflop, donc sans prélèvement de rake par les opérateurs. Le rake pourrait baisser pour faire réellement jouer la concurrence et, peut-être, rebooster le marché. Pour s'en convaincre, il suffit juste de traverser les Alpes. L'Italie, pays précurseur dans la législation des jeux en ligne dès 2007, a d'abord opté pour un système que nous connaissons très bien : un cahier des charges pour obtenir l'agrément, des opérateurs basés en Italie, des joueurs cloisonnés au marché domestique, et des buyins limités. La taxation sur les mises (le cash game ne sera autorisé qu'en 2011) est alors fixée à 3%, à comparer à nos 2% hexagonaux. Il ne faudra que deux ans aux professionnels du secteur et aux nombreux joueurs toujours dans l'illégalité pour convaincre le gouvernement de revoir sa copie. En 2009, l'Italie amende sa loi et taxe le Produit Brut des Jeux. Banco ! Le fisc italien annonce avoir augmenté ses recettes sur les Jeux en ligne de 200 millions d'euros dès 2009, les opérateurs voient leur nombre de comptes joueurs en forte progression, surtout Pokerstars, archi-leader avec plus de 50% de parts de marché.

L'Espagne, dernier pays à avoir légiféré, a directement positionné la taxe sur le chiffre d'affaires des opérateurs, à hauteur de 25%. Avant elle, la Belgique s'était tourné vers une taxation sur la marge brute réelle réalisée à l’occasion du jeu, en d'autres termes sur le chiffre d'affaires. Particularité du plat pays, le montant de ce prélèvement est à la discrétion des trois régions concernées. La Wallonie applique un taux de 11%, Bruxelles et la Flandre 15%.

Officieusement, l’Arjel soutenait cette recommandation, arguant d’un marché qui a besoin d’un second souffle pour rester pérenne et multi-opérateurs. Son dernier rapport, paru à mi-octobre, dresse un bilan tellement négatif que Jean-François Villotte, son président, n'hésite plus à afficher publiquement cet avis pour essayer de faire avancer le sujet. Surtout qu'une telle taxation, alignée sur les autres pays, permettrait d’envisager un partage de liquidités. L'incidence de ce changement d'assiette fiscale reste néanmoins sujette à caution. Les joueurs récréatifs ou novices ne tenant pas compte du taux de rake par exemple, on imagine difficilement que cela puisse être un argument pour recruter de nouveaux clients.

Mais c'est principalement du côté du gouvernement que le bât blesse. Non seulement il paraît peu probable de voir l'Etat prendre le risque de voir ses recettes baisser dans un contexte de récession, mais surtout le poids du poker dans les 330 millions de recettes n'est qu'une goutte d'eau à l'échelle du budget annuel de la France. Crainte d'une éventuelle baisse ou perte de temps pour des sommes aussi "faibles", on voit mal comment des acteurs du marché pourraient obtenir gain de cause en adressant au gouvernement une lettre ouverte, relayée dans le Monde du 15 Juin 2013,...


Pourquoi pas une carte postale de Malte aussi ? Deux des trois signataires de cette lettre SOS sont en effet ceux-là même qui ont privilégié l'exil méditerranéen : Pokerstars et Betclic. ‘GESTE’, s'appelle cette fédération. Ils n’en ont pourtant fait aucun quand ils ont été sollicités pour intervenir dans cette enquête. Tout comme le service presse de l’Arjel qui a cessé de répondre dès que le sujet de la fiscalité a été avancé.
Quant au dernier signataire, Barrière Poker, rappelons que pour une entreprise affichant 4 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 30 millions de pertes (en 2011) et cessant son activité , les contraintes réglementaires et fiscales n'ont jamais eu le temps d'être réellement un problème.

Au milieu de tout cela, les joueurs, en ne tenant pas compte de cet environnement et des contraintes des différents opérateurs, n'affichent pas la crédibilité nécessaire pour peser sur le marché, et se trompent de combat. Agissant dans la légalité européenne, les opérateurs juridiquement délocalisés ont aujourd’hui une marge de manœuvre qu’ils ne répercutent pas sur leurs clients. C’est là que les contreparties doivent être négociées, pas dans des challenges à destination d'un petit nombre ou des promotions ponctuelles sur des rooms qui n'ont pas d'avantages fiscaux. Pas chez l'opérateur qui propose l'accès aux SnG le moins cher du marché même s'il vient d'augmenter ses tarifs.
Aux dernières nouvelles, il n'est pas prévu 10% de rakeback supplémentaire pour jouer le prochain Pokerfest sur Party Poker plutôt que sur PMU Poker. Tout comme les FCOOP ne donnent pas lieu à un rakeback supplémentaire de 10% par rapport aux Winamax Series VII. Pourtant, Pokerstars et Party Poker, eux, les encaisseront.

Si les regs pleurent leur winrate d'antan, les opérateurs délocalisés sourient en pensant au leur.

soxav

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