Une jolie jeune fille avare en tissu, un gros titre avec
« JEU » écrit en taille 80, et vous avez la couverture qu’il faut
pour aguicher le chaland. L’été est plus propice aux régimes en tout genre,
mais quand on est L’Expansion, journal économique, la déontologie nécessite
d’aller aux fonds des choses. Jeux, sexe, alcool, drogue, tout y passe. A
l’image de son poids sur le marché des jeux en France, le poker se taille une
bonne part de cet article.
Il faut tout d’abord trouver un titre accrocheur. Le poker
est un jeu sulfureux, alors prenons le cliché « Des jeux en ligne pas si
nets ». Cela donne la part belle à l’ARJEL et son bras armé, la Direction
des enquêtes et du Contrôle (DEC), d’expliquer la traque incessante des
centaines de sites illégaux. On leur fait un joli encart : « En deux
ans d’activité, plus de 1000 aigrefins », « déjà 2500 sites sous
surveillance », ou encore « dénicher l’adresse de l’opérateur,
souvent exotique, et lui envoyer une mise en demeure dans sa langue : un
travail fastidieux ». On saupoudre ensuite de quelques chiffres clés,
parce qu’un marché de 10 milliards d’euros, c’est tape-à-l’œil, et 307 millions
de recettes pour l’état, ça fait tout de même une somme !
Sur le fond, dans un subtil mélange de poker et de paris
hippiques, tout tourne autour de Pokerstars, Winamax et PMU qui seraient les
grands gagnants de ce nouveau marché. Pour les paris sportifs, c’est carrément
la Bérézina, avec en point d’orgue le directeur de la régulation de Bwin Party
qui confie avoir fait le pari d’une évolution de la règlementation. Bien vu !
Car ce que l’on retient de cet article, c’est bien l’imposition. La taxation n’est
pas adaptée car basée sur les mises des joueurs et pas sur le Produit Brut des
Jeux, et elle incite les joueurs à se tourner vers l’illégalité. Pour combattre
cette dernière, rien de tel que l’ouverture de l’Omaha cinq cartes et du Deuce
To Seven Triple pour « maintenir une offre dynamique afin d’éviter la
fuite des joueurs vers les sites illégaux » selon Jean-Claude Vilotte,
Monsieur ARJEL.
Ô toi, joueur de poker, caché au fond ton appartement aux volets fermés, la capuche sur la tête et les lunettes sur les yeux pour ne pas être reconnu chez toi, tu sais désormais pourquoi tu ne vas pas te tourner vers l’illégalité, toi, : tu vas pouvoir jouer avec plus de cartes dans les mains …
Ô toi, joueur de poker, caché au fond ton appartement aux volets fermés, la capuche sur la tête et les lunettes sur les yeux pour ne pas être reconnu chez toi, tu sais désormais pourquoi tu ne vas pas te tourner vers l’illégalité, toi, : tu vas pouvoir jouer avec plus de cartes dans les mains …
Étonnamment, un des
commentaires importants de l’article n’est pas relevé. Il est pourtant
politiquement incorrect mais tellement révélateur de la schizophrénie de ce marché régulé :
"Les opérateurs voudraient élargir leur offre, guidés par ce
bon vieux principe addictif : plus on tente le joueur, plus il mise."
On nous aurait menti ? Les sites ne sont pas les
remparts contre l’addiction qui menace ? Finalement c’est un peu comme la
liberté de la presse : l’article met en avant le succès de Winamax au
travers de sa directrice, Canel Frichet, « confortablement installée sur
la terrasse de l’hôtel particulier […] de la PME », « sourire
éclatant », qui « s’est imposés face aux casinotiers et aux groupes
média » et est « rentable
depuis le début de l’année ». Faut-il y voir un rapport avec la superbe pleine
page de publicité qui accompagne l’article d’introduction de ce spécial été ? Le journaliste a aussi sa schizophrénie : l'article de fond ou le publi-reportage ...
ça partait trop bien avec la "jolie jeune fille"
RépondreSupprimeraprès ça se gâte
ça continue encore ici c'est cool ça !
RépondreSupprimerJe ne commente jamais mais je suis ton blog, bon article
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