En août, l’Expansion faisait la part belle à Winamax, leader du marché du poker en ligne, vainqueur des casinotiers et des groupes de média, rentable depuis le début de l’année. Si les groupes de média, TF1 en tête, se sont en effet avoués vaincus, les casinotiers comme Barrière et Partouche commencent à afficher des résultats honorables en termes de liquidités et le leadership du marché français ressemble fort à une victoire à la pyrrhus : la fréquentation globale a chuté, notamment sur les parties de Cash Game, et Winamax se retrouve paradoxalement premier avec, depuis plus de trois mois, moins de joueurs qu’à l’époque ou l’entreprise était encore en position de challenger. Quant à la rentabilité, rien de plus facile à affirmer quand on ne diffuse aucune information financière.
Match retour dans ce combat de communication avec une
interview sur Clubpoker d’Alexis Laipsker, ‘Monsieur Comm’ pour Pokerstars.
Excellent communiquant pour certains, langue de bois pour d’autres, son
discours est surtout un formidable exemple à montrer dans toutes les écoles,
tant il s’en sort à coups de pirouettes, leurres et le brin de malice
nécessaire. Une véritable prouesse ! Décryptage.
Pokerstars n’est plus
leader depuis le début de l’année, s’enquiert Clubpoker, inquiet d’une erreur
de stratégie de communication.
Leçon n°1 : noyer le poisson. Pokerstars se targue alors de sa première place … en tournoi. Et
pourquoi pas en SnG 2€ de 10h28 à 13h14 tous les lundis en début de mois tant
qu’on y est ? La stratégie de comm : Pokerstars aurait dépensé 2,5
fois moins que Winamax. Excellent argument que l’on assène en toute
tranquillité puisque totalement invérifiable. En oubliant au passage de
rappeler le dumping à outrance effectué au lancement de marché régulé par un
Pokerstars s’affichant autant dans les pubs télé que son concurrent et
proposant un système de fidélité défiant toute réalité économique pour asseoir
une position dominante. La preuve ? C’est le changement de ce programme
VIP en décembre 2011 qui marque l’avènement de Winamax. Ne cherchez pas, aucune
allusion n’est faite à cet épisode dans l’article. Un oubli sans aucun doute …
Et puis, Pokerstars n’a pas la chance d’avoir Patrick Bruel dans
son board, le chanteur ayant pris, c'est bien connu, une envergure d’une ampleur jamais vue depuis
janvier dernier. Tout ça pour "à peine 130 joueurs de différence en
moyenne" : il faut dire qu’il y a un an, le Pokerstars leader de l’époque
écrasait totalement Winamax de près de … 200 joueurs.
Credit photo : lamaisondubluff.fr
Mais Pokerstars est
fortement impacté par la baisse de fréquentation en Cash Game, s’interroge
Clubpoker, affolé par le tiers de joueurs portés disparus par rapport à l’année
précédente.
Leçon n° 2 : Changer de sujet. L’écart se resserre avec
Winamax. Il n’y a pas de rapport entre la question et la réponse, mais positiver
reste le maître-mot. Et on assène à nouveau des vérités en prenant à partie
l’interviewer : « Tu as aussi remarqué que Pokerstars est repassé
devant à plusieurs reprises », « tu constates selon les chiffres de
l’ARJEL … ». Comment le journaliste pourrait-il admettre sa
méconnaissance ? Pourtant, les chiffres Pokerscout n’ont pas vraiment
montré d’inversion de tendance depuis janvier, et l’ARJEL n’a, à ma
connaissance, jamais diffusé de parts de marché des opérateurs.
Le risque dans ce genre d’exercice est de se faire prendre à
son propre jeu. Quand il est question de Pokerstars Live, A. Laipsker se dit
que c’est le bon moment pour en remettre une couche : « Pour moi, être le leader, ça ne veut pas dire avoir 120 ou
140 joueurs de plus sur Pokerscout, c’est être capable de proposer des choses
nouvelles, des expériences inédites, de donner du plaisir. Il faut oser,
prendre des risques ». Bel hommage involontaire rendu aux équipes de Canel Frichet, non ?
Pour le reste, cette interview apporte la confirmation de l’arrivée
imminente de Zoom Poker, notamment en version mobile, du non retour de FullTilt
en .fr et de la mise en sommeil de la Maison du Bluff sur NRJ12 dans l’attente
d’un concept qui « aille plus loin », manière pudique de dire que la
chaîne a probablement des objectifs plus ambitieux avec le retour de la Star
Ac’ …
Cette
partie de poker menteur est loin d’être terminée. Norbert Teulfelberger,
co-PDG de bwin.party, dans une interview conjointe avec Jim Ryan reprise par
Pokernews, y va lui aussi de ses métaphores. La stratégie globale du groupe en
France ? « Attendre une position officielle du nouveau
gouvernement », autant dire que de l'eau va couler sous les ponts. La stratégie marketing ? « Les
dépenses marketing ont été drastiquement réduites par tous les acteurs du
marché. Nous sommes en mesure de nous auto-financer en France. » Bientôt des porte-clefs pour tout nouvel abonnement ?
Dans un ultime tacle à Winamax, A. Laipsker s'interroge : "Autant d’argent dépensé pour une si petite différence, je ne sais pas qui doit parler d’échec" ?
L'ensemble des opérateurs tout autant que les joueurs, je le crains ...
soxav
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RépondreSupprimerTrès bel article Soxav, toujours un régal à te lire.
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