Une semaine après la fin des Micro Series et des Summer
Shots, c’est l’heure du bilan dans cette guerre de leaders, pour ouvrir le bal
d’un été toujours compliqué pour les opérateurs de jeu. Ces deux séries d’events
en parallèle donnent un excellent reflet de leur course au leadership du marché
français. A droite, Winamax, et ses 54 events Summer Shots (SS) sur huit jours
lancés d’urgence. A gauche, Pokerstars, et ses cinquante events Micro Series
(MS) pour leur troisième édition. Au centre, 276.381 arbitres, dont une bonne
partie font doublon en jouant sur les deux sites en même temps.
Winamax a cumulé 167.219 entrants, générés par plus de
150.000 joueurs (en raison de trois events Re-entry). Avec seulement quatre
tournois de moins, Pokerstars n’a sensibilisé « que » 109.162
joueurs, soit un field global environ 30% moins important que son concurrent.
Pourtant son échelle de Buyin, de 0.25€ à 30€ (pour son Highroller), semblait
plus propice à attirer les joueurs récréatifs tant espérés. Avec un BI moyen de
6€, et un package total d’une valeur de 282,25€, Pokerstars a bien moins attiré
les foules que Winamax, dont la moyenne de tournoi avoisinait les 10€ pour un
total BI de 541€, soit près du double. Premier constat de cette
confrontation, les Events très Low BI sont les plus segmentants : les regs
de 5€ les fuient car insuffisamment dotées, les récréatifs ne sont que très
partiellement intéressés par des garanties très peu attractives. Ils permettent
de transformer ponctuellement des joueurs de freeroll en argent réel sans
assurance de les voir persister dans cette voie, et font le bonheur de quelques regs de Micro Limites. 25% des Micro Series se sont joués pour 2€ et
moins, pourtant ils ne représentent que 20% du field total. A l'inverse, Winamax est bien le royaume
du récréatif : avec seulement 16% des tournois
en micro Buyin, ce sont 19% des participants qui les ont plébiscité, notamment
grâce à un event Re-entry sur toute la semaine et sa dotation de 30.000€,
exceptionnelle pour un 2€.
Autre enseignement de cette confrontation, la victoire de la simplicité sur l’originalité. Les équipes de Canel Frichet,
pressées par le temps, se sont cantonnées à des épreuves au format classique.
En moyenne, les Summer Shots ont attiré une moyenne de 3096 joueurs, contre
2183 sur les Micro Series, lors de tournois dont près de la moitié se sont
déroulées en Shorthanded (10% en 4max). La différence majeure dans les
structures choisies se trouve en fait dans la place des tournois à Rebuy.
Pokerstars en a planifié pas moins de quinze dans sa grille, et même 40% en
comptant les x2 Chance et x3 Chance. La raison est simple, cette formule
présente l’avantage de doper les prizepools garantis que des Low Buyin limitent
forcément. Le volume de rebuy montre clairement une linéarité logique avec le
droit d’entrée, tendance qui s’inverse pour la prise de l’add-on. Ainsi le MS#2
Rebuy Madness à 0,50€ a fait l’objet de 17000 rebuys pour un field de 3232
joueurs. Cette moyenne de 5,28 recharges par joueur tombe à moins de 1,5 pour
les events à 5€. Certains se sont néanmoins retrouvés plombés par un horaire
tardif (#20 ‘Ante Up Turbo’ à 2€) pour à peine 1,3 rebuys par joueur à ce
buyin. L’add-on, en revanche, avoisine les 60% sur les tournois à 4€ et plus,
tandis qu’en dessous de cette limite, il se situe entre 20 et 50% : les
regs étaient proportionnellement plus présents sur des tournois à prizepool
plus élevés, et savent qu'il faut le prendre. Les Double ou Triple Chance sont, eux, clairement sans intérêt pour
doper la garantie, avec pour la plupart un taux de rachat de seulement 50%,
voire moins.
Peu de rebuy à l’inverse sur les Summer Shots, où seulement
7% se jouaient dans ce format, mais ici aussi dans le seul but d’offrir une
garantie décente et propice à rassembler un maximum de joueurs sur les tournois
à faible Buyin (5€ et moins). Les Multiples Chance de Pokerstars laissent la place aux tournois Re-Entry, une des raisons du succès de ces Series. Près
de 20% du field total est ainsi concentré sur trois Events, deux s'étant joués sur six Day1,
et un sur trois Day 1. Avec respectivement 13252 (#9 à 5€) et 14778 (#10 à 2€)
entrées, ce sont les stars incontestées de la semaine. Revers de la médaille, ces trois tournois ont
coûté cher à Winamax, puisqu’ils ont tous connu un overlay brut. En net,
l’event #10 est quasiment break even (11% d’overlay, 444€ de pertes), et il n’a
manqué que 81 joueurs à l’event #9 pour couvrir sa garantie (6260€ de gains avec le rake).
C’est du côté de l’event #28 qu’est venue la cagoule : plus de 33% d’overlay
et une perte de 13K€, rake compris, pour l’opérateur !
Le nerf de la guerre de ces deux opérations commerciales,
comme d’habitude, reste leur bilan comptable. Les traits de caractères des deux
rooms ressemblent fortement à leur histoire : une room opérant depuis longtemps,
leader mondial qui s’appuie sur une longue expérience pour monter des Series le
plus rentable possible, pour qui un sou est un sou, face à un impétueux
challenger, qui cherche sans cesse à prouver sa force par rapport à son aîné,
avec la fougue et la spontanéité que cela sous-entend, prêt à tous les excès,
même financiers.
En dépassant la garantie totale de ces Series de 19%
(832.637€), Pokerstars fait mieux que Winamax et ses 7% (1.425.556€). La room
au pique rouge a géré en bon père de famille, avec seulement 14% de ses
tournois ne couvrant pas la garantie brute contre plus de 22% pour la room au W
rouge. Au final, PS accuse deux events déficitaires en net, tandis que Winamax
en dénombre sept, dont deux d’anthologie : #3 Main Event 50€ (-15.550€ net)
et le #28 Re-Entry dont il était question plus haut. Dans les tournois les plus
rentables, c’est encore Pokerstars qui tient la corde, avec trois tournois lui
rapportant plus de 8.000€ net (#1 Classico pour 10.5K€ de profit, #18 Highroller pour 8.2K€ et #48
Main Event pour 10.2K€). Winamax doit se contenter pour sa meilleure
performance de 6806€ de gains net (Event #52) . Néanmoins, cette dernière se rattrape par
la moyenne de Buyin plus élevée, et l’homogénéité de ses résultats : sur
ses 12 tournois les plus rentables, 11 sont des 10€+ dont le gain varie du
simple au double (de 6.800€ à 3.400€). En face, si la meilleure performance est
à plus de 10K€, la dixième est cinq fois inférieure.
Cela nous amène tout naturellement au dernier critère de
comparaison, le plus important. En organisant ses Micro Series, Pokerstars a
engendré 85.118,92€ de revenus, soit 12% de plus que son homologue qui parvient
à générer 76.047,10€ sur la semaine. Une performance, pour ce dernier, à
relativiser par deux events qui lui coûtent la bagatelle de près de 30.000€.
Le
vrai gagnant de ces Series, lui, est ailleurs. La concurrence acharnée des deux
leaders du marché, est principalement bénéfique …
aux joueurs. Preuve encore une fois de la nécessité d'un marché multi room.
soxav
Très complet, tu devrais vendre ton analyse aux 2 rooms :-)
RépondreSupprimerbel article, très intéressant
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