Dix Series en treize semaines, qui dit mieux ? Elles
sont désormais omniprésentes sur le marché du poker et servies à toutes les
sauces : Omaha, Flight, Turbo, nocturnes, … Et comme chaque année en
avril, ce sont les traditionnels Spring Championship Of Online Poker (SCOOP) et
les Winamax Series (WS) qui s’affrontent, avec en point d’orgue la bataille du
Million. Dix millions d’euros de prizepool garanti, plus de 130 tournois, vingt
jours d’actions aux tables, entre joueurs autant qu’entre opérateurs. Que
doit-on retenir de cette confrontation ?
Avec des garanties boostées de 500.000€ par rapport à l’an
passé, un nombre d’Events en constante augmentation, Winamax et Pokerstars utilisent les mêmes ficelles pour
promouvoir leurs Series. Seul leur positionnement les différencie : les
SCOOP se veulent élitistes par des buyins élevés et un nombre limité d’épreuves
(50 MTT). En face, les Winamax Series ciblent le plus grand nombre, avec un
buyin moyen 40% moins cher (65€ contre 103€ chez Pokerstars) et un volume de
tournois à la limite de l’overdose (83 MTT). Toujours plus, toujours
mieux ? Pas vraiment au final : intégration des KO dans les garanties pour
gonfler artificiellement les garanties chez Pokerstars, ajout massif d’Events
(deux seulement pour PS, mais la bagatelle de quatorze pour Winamax dont les WS IX ne comptaient que 69 MTT en avril 2014), …
Les deux opérateurs affichent une fréquentation moyenne de
2.200 joueurs par Event. En cinquante
SCOOP, près de 110.000 joueurs se sont affrontés, quand ils étaient 180.000 sur
Winamax. A périmètre constant (hors Event #01 et # 02, annulés pour cause
de bug), c’est logiquement l’option Winamax « 20% d’Events en plus »
qui l’emporte avec 6% de joueurs supplémentaires par rapport à
l’édition IX. Dans ces conditions, la hausse de 4% de Pokerstars apparaît néanmoins bien plus saine. Mais en détaillant uniquement les tournois communs à 2014 et 2015, le constat est beaucoup moins flatteur. D’une année sur l’autre, les deux opérateurs ont reconduit près
de neuf tournois sur dix, augmentant très légèrement les garanties mais sans
incidence sur une fréquentation en baisse. A ce jeu, c’est Pokerstars qui est
le plus impacté, démontrant que la tendance globale des SCOOP n’est due qu’au
remplacement des formats de niche (Limit Holdem, Heads Up) par des tournois de
masse comme les Flights.
Tab 1 - Evolution des Events SCOOP / Winamax
Series reconduits en 2015
Le point le plus inquiétant est l’homogénéité de cette
évolution. Sur ces tournois, 74% affichent une baisse (soit 45 tournois)
chez Winamax, et seuls six Events dépassent les 5% de croissance. Pis,
pour Pokerstars, puisque 86% (soit 35 tournois) sont dans
le rouge, et qu'un seul croît de plus de 5% !
Sur le plan du revenu de ces Series, les deux rooms sont au
coude-à-coude. Le rake net généré approche les 450.000€ pour chaque opérateur,
avec un léger avantage pour Pokerstars en valeur. Rapporté au nombre d'évènement,
le pique rouge est en outre largement devant son concurrent.
Ces chiffres sont tout de même à relativiser car, à l’occasion de leurs Series, les opérateurs limitent le risque en supprimant
certains tournois réguliers. Chez Pokerstars, seize tournois ont ainsi disparu
(Monday NOS, Sunday Special, Big 10, …)
et le Night On Stars (25K€ Gtd) a laissé sa place au Big 100 moins risqué avec
sa garantie de 10K€. Du côté de Winamax, vingt-deux MTT ont pris des vacances (Xtrem, Derby, Xtase, Xpert, Main Event , Tomahawk) ou sont intégrés dans la
grille des WS (Sunday Surpise, Highroller, Main Event) avec des garanties
boostées. Dans les deux cas, ce sont
environ 20.000 joueurs simplement reportés sur les Series, et 50K€ de revenus net juste tranférés. Le
chiffre d’affaires additionnel réel peut être estimé à 400.000€ pour chaque
opérateur. Conséquent ? Sans aucun doute. Mais à quel prix …
Face-à-face comme chaque trimestre, les deux Million Event
n’échappent pas à la tendance. Certes, Pokerstars peut se targuer de maintenir
le cap (2213 joueurs contre 2202 en 2014). Pour cela il aura fallu dédier des
tournois standards à ce seul objectif : remplir le Million Event. Dès le
07 Mars, plus d’un mois avant, le Minuit Express (00h00, 20€) intègre des
tickets Main Event dans son échelle de gains : cinq, puis dix, et même 25
le jour même du tournoi. Au final, 12% des inscrits (260 tickets) proviennent
de ce seul tournoi. Viendront ensuite les Warm Up (30 tickets) pendant trois
semaines puis le Classico (60 tickets) durant les épreuves. La room se garde
d’ailleurs de communiquer sur le remboursement de ces tickets en cas de non
utilisation après l’Event pour qu’un maximum de joueurs se sente
« obligé » de l’utiliser. Notons enfin que le passage en mode Flight
a sûrement permis de limiter les dégâts, malgré un Day 1B décevant (field d’à
peine 50% du Day 1A).
C’est pour Winamax que l’échec est le plus cuisant. Il y a
bien entendu l’image catastrophique d’un Day 2 qui ne se lance pas, d’un choix
compliqué de report contraire aux CGU mêmes de l’opérateur et d’une
communication approximative (messages dans le chat, tweets dans un anglais plus
qu’approximatif, interventions maladroites sur les communautés). Il y a
également les chiffres : avec 6.980 participants, la fréquentation diminue de
5,34% (7374 joueurs en Avril 2014) dans la droite ligne WS XI en janvier
(-20%). La room doit compenser un overlay de 36.760€ après avoir financé pas
moins de 400 tickets pour les Freeroll Million (valeur : 60.000€). De son
côté, Pokerstars en octroie … dix en mode freebuy (tournoi à entrée gratuite avec
rebuys payants) où les participants ont finalement financé 95% des tickets
garantis. Ajoutons l’animation des communautés, le coût de remboursement des
joueurs en Day 2 suite au bug et la note devient salée. Avec un rake net d’environ 60K€ (hors prélèvement et TVA) sur le buyin des participants, l'ardoise finale doit avoisiner les 50K€. Sans réelle perspective que la tendance puisse changer …
Espérons pour les opérateurs que ces Series ont amélioré le
quotidien des tables de Cash Game pour améliorer cette rentabilité déclinante. Si l’on s’en réfère à Pokerscout, l’évolution
du pic joueur quotidien montre des comportements joueurs différents selon les
deux opérateurs. Pour Pokerstars, l’effet se ressent la première semaine des
SCOOP (maximum Lundi 30 Mars : 2079 joueurs) . De courte durée néanmoins,
puisque dès le weekend suivant, les chiffres repassent sous ceux des précédents weekends,
dont celui avant l’annonce du bonus redeposit. Un comble quad on sait que c'est traditionnellement le plus mauvais du mois (celui avant le paiement des salariés français). Pour Winamax, la semaine précédant le lancement
des Winamax Series est la plus forte (maximum Lundi 30 Mars : 2698 joueurs),
avec un effet qui se poursuit jusqu’au weekend intermédiaire des Series. L’annonce
du bonus "Series" dix jours avant le démarrage semble donc plus adaptée(quatre jours seulement pour les SCOOP).
Les tendances des deux concurrents se retrouvent dès la fin des Series avec une baisse très significative : à partir du 12 avril, date des Million Event, les pics de joueurs quotidiens chutent de 15% à 20% par rapport aux mêmes jours en mars. Les courbes de moyennes hebdomadaires de joueurs (Fig 1) des deux derniers mois montrent un léger rebond pour la room W, au contraire de la room de pique.
Les tendances des deux concurrents se retrouvent dès la fin des Series avec une baisse très significative : à partir du 12 avril, date des Million Event, les pics de joueurs quotidiens chutent de 15% à 20% par rapport aux mêmes jours en mars. Les courbes de moyennes hebdomadaires de joueurs (Fig 1) des deux derniers mois montrent un léger rebond pour la room W, au contraire de la room de pique.
Les similitudes entre les deux leaders français sont donc
légion, jusqu’aux Events principaux toujours programmés face-à face depuis des
années : en début de mois où les clients peuvent déposer leur salaire fraîchement reçu, permettant de capter la clientèle reg
étrangère par l'attrait deux prizepools conséquents en même temps. Cette année, ils
auront même poussé le mimétisme jusqu’à intégrer tous deux des bugs techniques,
avec une mention spéciale à Winamax, pourtant chantre du service client, dont
le passage outre ses Conditions Générales d’Utilisation lors du Million Event laisse
dubitatif, même si leur solution peut avoir satisfait bon nombre de joueurs ... et surtout eux-mêmes.
Interrogé sur Pokernews, Mathieu Porri, Directeur de la
Communication de Winamax, évoquera "une organisation rodée". Très rare
dans les médias, c'est dire si la situation est jugée préoccupante. Sa sortie est un vrai coup de comm : parler un peu du bug positivement ("processus d’alerte en interne", "problème lié
au ecommerce en général") mais surtout du Sismix, "Dans la Tête d’un Pro",
de la nouveauté « Winamax Session Live » et surtout des paris
sportifs, axe hautement stratégique par son potentiel par rapport au poker.
"Redonner de l’attractivité au secteur du poker" affirme-t-il en titre de l’article Pokernews. Les Series de tournois en font-elles encore partie ? A suivre dans le prochain épisode : le duel Party Gaming / iPoker depuis ce soir : Spring Series vs French Poker Championship III.
soxav
Merci pour cette analyse complète des casinos en ligne Soxav.
RépondreSupprimerDoit-on en conclure que nous sommes dans la phase décroissante de ces plateformes ?